Diaspora

La communauté arménienne d’Anvers lance une collecte de fonds pour l’achat de l’église Saint Grégoire de Narek

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La communauté arménienne d’Anvers lance une collecte de fonds pour l’achat de l’église Saint Grégoire de Narek

BRUXELLES, 2 Juin, ARMENPRESS - Dans l'une des villes belges comptant une importante population arménienne, à Anvers, la communauté a lancé une initiative dont le succès pourrait marquer une nouvelle étape dans la préservation de l'identité arménienne en diaspora.

La communauté arménienne d’Anvers souhaite acquérir l’église Saint Grégoire de Narek, qui lui avait été mise temporairement à disposition pour la célébration des messes.

L’acquisition de l’église est aujourd’hui perçue non seulement comme l’obtention d’un lieu ou d’un bien matériel, mais surtout comme un repère clair de rassemblement spirituel, culturel et national.

Dans un entretien accordé à  la correspondante d’Armenpress à Bruxelles, le père spirituel de la communauté arménienne d’Anvers, Tirayr Vardapet Hakobian, a raconté comment, en l’espace d’un an, près de 300 personnes se sont mobilisées et ont réussi à réorganiser la vie ecclésiale de la communauté, menant ainsi à la situation actuelle.

Lorsque Tirayr Vardapet Hakobian est arrivé à Anvers en novembre 2023, la vie ecclésiale y était pratiquement inexistante. Une seule messe était célébrée chaque mois, à seize heures, en présence de seulement 30 à 35 personnes. Un certain vide spirituel régnait au sein de la communauté.

Cependant, selon Vardapet Hakobian, le changement ne s’est pas opéré à travers des réformes organisationnelles, mais par une transformation de la mentalité. « Les gens venaient à l’église comme des invités. Nous avons commencé à prêcher l’idée que l’église est une famille, une maison, et non simplement un lieu cérémoniel. Et c’est précisément cette idée qui a tout changé », a-t-il confié.

Les résultats ne se sont pas fait attendre. Des groupes de jeunes servants de messe et diacres se sont formés, et une chorale a été fondée. Les difficultés initiales - absence d’église, horaires peu pratiques des offices, manque de chorale -ont été progressivement surmontées.

« Nous n’avons jamais demandé à qui que ce soit de prendre en charge telle ou telle tâche. Les gens ont spontanément commencé à identifier et assumer leur rôle, car ils ne se considéraient plus comme de simples invités. L’église est devenue leur maison. Et avec cela, un véritable sentiment de responsabilité, presque de propriété spirituelle, s’est enraciné », a souligné le Père.

En juin 2024, les messes étaient déjà célébrées deux fois par mois, et à partir de septembre de la même année, elles ont commencé à avoir lieu régulièrement chaque dimanche matin. Ce fut un tournant décisif. Le nombre de fidèles participant aux offices a rapidement atteint entre 200 et 300 personnes. La communauté a alors réalisé, par sa propre implication, qu’elle pouvait redonner vie à l’église.

C’est durant cette période que les membres de la communauté ont appris qu’une église située dans le quartier Deurne à Anvers - celle-là même qui leur avait été temporairement mise à disposition pour les célébrations - était mise en vente. Ils ont alors envisagé de l’acheter par leurs propres moyens, unis autour d’une vision claire et partagée.

« Le premier pas, c'est toujours une idée. Nous ne cherchions pas simplement un lieu pour la messe, mais un véritable centre autour duquel la communauté pourrait se rassembler, dans un esprit de foi, de préservation de l’identité, et de pensée nationale », explique Tirayr Vardapet Hakobian.

« C’est autour de cette idée qu’un conseil paroissial a été formé. Des personnes ayant réussi dans leurs domaines respectifs ont mis à profit leur expérience et leurs réseaux au service de cette cause. » Il ajoute que la valeur initiale du bien immobilier était très élevée. Des négociations ont été entamées et, grâce à l’auto-organisation, à l’engagement collectif et à des calculs précis, il est rapidement apparu que l’achat de l’église au nom de la communauté était bel et bien réalisable.

Selon Tirayr Vardapet Hakobian, il ne s’agit pas simplement de l’achat d’un bâtiment, mais bien de la formation d’une identité institutionnelle. « Les gens ont commencé à comprendre clairement que lorsqu’ils sont propriétaires, ils sont aussi responsables. Ils n’attendent plus d’instructions venues de l’extérieur. Les membres de la communauté ont compris que leur force réside dans l’unité. Les autorités locales le constatent également. Lorsqu’une communauté est forte, organisée et guidée par une vision, elle ne peut être ignorée. Nous en avons vu les exemples ici, en Belgique », a-t-il souligné.

Le Révérend Père Hakobian a développé cette vision pendant ses années d’études en Italie, où il s’est formé à la mission catholique - une approche pratiquement abandonnée depuis l’Antiquité au sein de l’Église apostolique arménienne. Après avoir soutenu son doctorat, il a été nommé pasteur spirituel des Arméniens d’Italie. C’est là qu’il a expérimenté et transformé ce modèle missionnaire en une réalité communautaire.

« Tout ce que j’apprenais, je le mettais en pratique. La réponse des fidèles, les résultats, l’unité de la communauté étaient évidents. Lorsque je suis rentré en Arménie, Mgr Khajag Barsamian, Délégué patriarcal pour l’Europe occidentale, savait qu’il y avait une présence arménienne importante en Belgique mais peu de prêtres pour l’accompagner. Avec la bénédiction du Catholicos, j’ai été nommé pasteur spirituel d’Anvers », a-t-il raconté.

Aujourd’hui, la communauté qui s’est formée autour de l’église fonctionne selon ses propres règles. L’achat de l’église est perçu comme un exemple d’un nouveau modèle autonome de la diaspora - un projet porté non par un seul bienfaiteur, mais par la participation collective de toute la communauté.

« Habituellement, lorsqu’il s’agit de construire une église, on s’adresse d’abord aux mécènes. Nous avons pris le chemin inverse. La communauté devait d’abord être la force motrice. Lorsque les bienfaiteurs verront l’engagement collectif, ils rejoindront naturellement le projet. Mais il nous revient de prouver, avant tout, que cette maison est celle de nous tous », a-t-il insisté.

Le Révérend Père rappelle également que la structuration de telles institutions peut jouer un rôle décisif pour l’Arménie elle-même : « En renforçant les communautés de la diaspora, nous devenons utiles à l’Arménie. Car seule une conscience profonde de son identité permet de vivre en diaspora sans se fondre. L’église devient alors le centre de cette idée. Et c’est uniquement par ce chemin que nous pouvons transmettre aux générations futures qui elles sont et pourquoi elles sont ici », a-t-il conclu.

Pour soutenir ce projet ou faire un don, il est possible de contacter le conseil paroissial de l’église Saint Grégoire de Narek à Anvers, ou de contribuer directement via le site officiel de l’église. Selon Tirayr Vardapet Hakobian, il s’agit non seulement de l’acquisition d’un lieu de culte, mais aussi d’une tentative de construction d’une communauté unie - une démarche qui pourrait inspirer d’autres communautés arméniennes à travers le monde.

 

 

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