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Sénateur français: au lieu de sanctions, l'Europe achète du gaz et du pétrole à l'Azerbaïdjan

Sénateur français: au lieu de sanctions, l'Europe achète du gaz et du pétrole à l'Azerbaïdjan

EREVAN, 29 SEPTEMBRE, ARMENPRESS: Le Groupe d'amitié France-Arménie du Sénat français va présenter à la communauté internationale la situation actuelle difficile de l'Arménie et la politique agressive de l'Azerbaïdjan. Selon les sénateurs français, le conflit russo-ukrainien a un impact considérable sur la géopolitique de la région du Caucase, mais ils ajoutent que l'Arménie ne devrait pas être affectée par cette guerre.

Lors d'un entretien avec ARMENPRESS, les membres du groupe d'amitié France-Arménie, qui sont à Erevan ces jours-ci, ont présenté comment le Sénat français pourrait aider l'Arménie, quelle est leur position sur la dernière escalade à la frontière arméno-azerbaïdjanaise et quel type de soutien l'Arménie peut attendre de la France.

Gilbert-Luc Devinaz, président du Groupe d'amitié France-Arménie, a déclaré qu'ils sont arrivés à Erevan pour exprimer leur solidarité avec l'Arménie. La délégation comprend les sénateurs Brigitte Devésa ( Bouches-du-Rhône), Pierre Ouzoulias (Hauts-de-Seine) et Étienne Blanc (Rhône).

La visite du groupe d'amitié en Arménie avait pour but de se familiariser avec les activités des collectivités locales françaises, des associations et des fondations françaises en Arménie. Mais, comme le dit Gilbert-Luc Devinaz, lorsque l'Azerbaïdjan a attaqué l'Arménie, leur visite était déjà remise en question, mais après avoir consulté l'ambassadrice de France en Arménie, ils ont décidé de ne pas annuler cette visite mais ont apporté quelques changements au programme.

"Depuis le matin du 27 septembre, nous avons eu des réunions avec les autorités arméniennes, nous avons rencontré le Président de l'AN, Alen Simonyan, le Président Vahagn Khachaturyan. Des rencontres sont également prévues avec le Premier ministre Nikol Pashinyan, le ministre des Affaires étrangères Ararat Mirzoyan et le maire d'Erevan Hrachya Sargsyan [une interview a été réalisée avant ces rencontres]", a-t-il déclaré.

Interrogé sur la position de la France et sur les mesures concrètes à prendre pour mettre fin à l'agression de l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, le sénateur français a déclaré que le 26 septembre, le président français Emmanuel Macron, lors de la rencontre avec le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan, a réaffirmé la position de la France en ce qui concerne le respect du cessez-le-feu et des frontières, déclarant que les forces azerbaïdjanaises doivent revenir à leurs positions initiales telles que fixées par l'accord du 9 novembre 2020. Le président français a clairement mentionné le nom de l'agresseur qui est l'Azerbaïdjan.

"Dans ses propos, le président Macron a nommé l'agresseur, ce qui n'a jamais été fait auparavant. Et le Premier ministre arménien a rappelé qu'en disant frontières, nous comprenons les frontières internationalement reconnues après l'effondrement de l'Union soviétique. Et comme vous le savez, la France et les États-Unis opèrent sur la plateforme internationale. Lors de notre visite en mai, les autorités arméniennes parlaient du groupe de Minsk de l'OSCE, affirmant qu'il devait être relancé. Aujourd'hui, la Russie a fait marche arrière, et il reste à la France, aux États-Unis et peut-être à l'Allemagne à trouver à nouveau dans cette structure les moyens de la paix. Il y a aussi un autre problème de frontière, l'Azerbaïdjan est prié de revenir aux positions initiales convenues le 9 novembre 2020, ce qui n'est pas fait. Le président français propose de déployer une force de maintien de la paix à la frontière par l'ONU ou une autre structure, mais cette proposition est actuellement refusée par la Russie", a-t-il déclaré.

Ils ont déclaré qu'en tant que sénateurs, ils sont inquiets pour l'Arménie. Le sénateur affirme que l'Arménie et la République souveraine d'Artsakh sont deux exemples de démocratie, et que la Turquie et l'Azerbaïdjan sont des régimes autoritaires qui nuisent à ces deux démocraties. "Et si nous le permettons aujourd'hui, les autres régimes démocratiques d'Europe de l'Est auront des difficultés demain", a déclaré Gilbert-Luc Devinaz.

Le sénateur Étienne Blanc a fait trois remarques sur cette question : "La première est qu'au cours de cette visite, nous avons pu nous rendre compte de la puissance de la seule démocratie de la région, la démocratie arménienne, qui vit dans ces conditions diplomatiques, militaires et politiques difficiles. Et nous, en tant que porteurs d'une très ancienne tradition de protection des libertés fondamentales, sommes vraiment impressionnés par ce que l'Arménie fait aujourd'hui dans ces conditions difficiles auxquelles elle est confrontée.

Deuxièmement, il y a quelques semaines, le président de la Commission européenne a annoncé un accord entre l'Azerbaïdjan et l'Europe. De nombreux sénateurs ont condamné cet accord, déclarant que la fourniture de gaz ou de pétrole pourrait affaiblir la position de l'Europe, de la France dans le soutien à l'Arménie.

Et troisièmement, sous l'influence de la guerre en Ukraine, nous retrouvons les conséquences indirectes que cette guerre pourrait avoir sur la défense de l'Arménie. Et si nous sommes ici, cela signifie que nous ne voulons pas que l'Arménie soit un outil pour la diplomatie russo-turque qui pourrait signer des accords dans le dos de l'Arménie. Et c'est quelque chose qui est très important pour nous. La guerre en Ukraine a un grand impact sur la géopolitique de cette région, et notre visite ici signifie que l'Arménie ne doit pas être affectée par cette guerre", a-t-il déclaré.

Le sénateur Pierre Ouzoulias a également qualifié l'Europe d'hypocrite car, selon lui, elle continue d'acheter du gaz russe via l'Azerbaïdjan.

" L'Azerbaïdjan fournit du pétrole à l'Europe par le biais du gazoduc qui s'étend jusqu'au port turc en mer Méditerranée, et nous savons qu'une partie de ce pétrole provient de Russie. L'Europe oublie une fois de plus ses principes moraux pour prendre en charge ses besoins en pétrole. Et aujourd'hui, l'Europe a finalement accepté le fait que l'Arménie cède une partie de son intégrité territoriale. Et l'Arménie est obligée de négocier avec l'Azerbaïdjan autour d'un corridor reliant le Nakhitchévan à l'Azerbaïdjan. Et notre rôle est de présenter tout cela à la communauté européenne", a déclaré Pierre Ouzoulias.

Quant aux éventuelles sanctions contre l'Azerbaïdjan, Gilbert-Luc Devinaz a déclaré qu'au lieu de sanctions, l'Europe achète du gaz et du pétrole à l'Azerbaïdjan qui vient de Russie.

"Aujourd'hui il n'y a pas de sanctions, bien au contraire, l'Europe achète du gaz et du pétrole à l'Azerbaïdjan qui vient de la Russie. Je pense qu'il y a deux problèmes pour la France : c'est un membre de l'UE où tous les Etats ne partagent pas la position relative à l'Arménie", a-t-il déclaré, ajoutant que l'important ici est de savoir par qui les Etats sont gouvernés.

Le sénateur a également insisté sur la coopération interparlementaire entre l'Arménie et la France.

"Nous sommes toujours en contact avec le président du groupe d'amitié Arménie-France Vladimir Vardanyan. Ces échanges sont importants dans le sens où par exemple en France on parle beaucoup de l'Ukraine, et nous sommes inquiets que la question de l'Arménie reste dans l'ombre. Et comme Étienne Blanc l'a dit, il partagera ces informations avec ses collègues de parti après son retour en France. Et nous allons faire de même.

Ainsi, il est très important de parler de ce qui se passe en Arménie. Et nous ne devons pas oublier la diaspora arménienne en France. Il faut maintenir le lien avec la diaspora car elle est liée à l'Arménie en tant que patrie, pour laquelle l'Arménie est un État avec ses difficultés géopolitiques. Par conséquent, nous accordons une grande attention à la coopération dans le secteur de l'éducation, car l'éducation de la jeunesse en Arménie est importante pour nous. Nous attachons également de l'importance à la présence de l'Université française en Arménie qui prépare de nouveaux cadres francophones", a déclaré Gilbert-Luc Devinaz.

Et à la question de savoir comment le Sénat pourrait aider l'Arménie, la sénatrice Brigitte Devésa a répondu que leur rôle est aussi d'être cohérent avec la mise en œuvre des programmes de coopération décentralisée qui dynamisent le développement des provinces.

"Dans ma province, je vais présenter l'importance de la coopération décentralisée car avec cette activité nous pourrions soutenir l'Arménie. Nous sommes pleinement mobilisés sur la situation de l'Arménie, et vous pouvez compter sur notre soutien dans tous les cas", a déclaré Mme Devésa. 

Interview par Karen Khachatryan

Photos par Hayk Manukyan








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