La Turquie ne peut pas construire son avenir sans reconnaître le génocide arménien - Union contre le génocide
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Selon « Armenpress », Selay Ertem, de nationalité turque, et Erhan Gündüz, kurde, représentants de la direction de l’Union des opposants au génocide basée à Francfort, estiment que tant que la Turquie ne se confrontera pas à son propre passé, ne reconnaîtra pas le génocide arménien et ne procédera pas à une réparation, elle ne connaîtra ni progrès en tant qu’État ni ne pourra construire un avenir démocratique.
Lors de la conférence de presse intitulée « La Turquie ne peut avoir d’avenir que si elle reconnaît le génocide et procède à une réparation », les deux militants ont exprimé leurs convictions à ce sujet.
Au début de la conférence, le professeur Ashot Hayruni, docteur en sciences historiques et spécialiste du génocide, enseignant à la chaire d’histoire arménienne de l’Université d’État d’Erevan, a souligné que l’Union des opposants au génocide, basée à Francfort, mène une activité sérieuse et significative. Depuis sa fondation en 1998, l’une de ses principales missions est de travailler en faveur de la reconnaissance du génocide arménien et de la réparation par le gouvernement turc.
« Cette organisation accomplit tout cela avec un grand dévouement et un esprit de sacrifice », a déclaré le professeur Hayruni.
Erhan Gündüz, membre de la direction de l’Union des opposants au génocide, a indiqué qu’il fait partie de l’organisation depuis l’an 2000 et qu’il se rend en Arménie pour la quatrième fois.
« Cette fois, je suis venu en Arménie avec un sentiment bien plus lourd, en raison des événements survenus au Haut-Karabagh à la suite des actions de l’Azerbaïdjan et de la Turquie. Je suis Kurde alévi, j’ai émigré en Allemagne, mais je considère qu’il est de mon devoir que le génocide arménien soit reconnu et condamné », a déclaré Gündüz, en soulignant que les peuples arménien et kurde sont, d’une certaine manière, unis par un destin commun, car ils ont tous deux été persécutés par la Turquie, et ces persécutions se poursuivent encore aujourd’hui.
Il a ajouté qu’en tant que membre de l’Union des opposants au génocide basée à Francfort, il constate la violence continue exercée par la Turquie et se demande souvent d’où provient cette brutalité turque : « Après différentes analyses, nous arrivons à la conclusion que la source de cette violence est le déni du génocide des Arméniens et d’autres peuples, ainsi que le refus de la Turquie de faire face à ces crimes. »
Selon Erhan Gündüz, l’objectif de l’organisation est de sensibiliser la société turque et, par ce biais, de contribuer à l’élimination du négationnisme.
« Si la Turquie ne se confronte pas à sa propre histoire, elle ne connaîtra aucun progrès, ni aucun avenir », a souligné Erhan Gündüz.
Selay Ertem, également membre de la direction de l’Union des opposants au génocide, a rappelé que depuis la création de leur organisation, l’un de leurs engagements les plus importants est de participer chaque année, le 24 avril, aux cérémonies commémoratives de la Journée de mémoire du génocide des Arméniens, aux côtés du peuple arménien.
« Le génocide arménien constitue l’élément le plus central de l’histoire de la Turquie. Et si nous ne nous confrontons pas à cette réalité, si nous ne parvenons pas à voir les faits tels qu’ils se sont réellement produits, alors la Turquie ne pourra pas aller de l’avant. Elle ne pourra pas non plus construire une démocratie. Le 24 avril, nous irons au mémorial de Tsitsernakaberd pour rendre hommage aux victimes du génocide arménien. Espérons qu’un jour, cette date sera également commémorée en Turquie. Cela fait déjà 110 ans que le génocide a eu lieu, mais malheureusement, la Turquie n’a accompli aucun pas vers sa reconnaissance », a déclaré Selay Ertem.
La conférence de presse a également accueilli la participation de Ghukas Papyan, un Hamshen arménien ayant quitté la Turquie il y a plusieurs années. Il a raconté qu’il avait découvert son identité assez tardivement, comprenant alors qu’il était d’origine arménienne. Il a également révélé qu’il avait été emprisonné pendant dix ans en Turquie, notamment en raison de ses origines arméniennes. Après sa libération, Ghukas Papyan a réussi à quitter la Turquie pour s’installer en Suisse.
«Au sein de la communauté hamshen, il existe un dualisme social : une partie de la population est consciente de son identité, parle arménien et cherche à préserver son arménité, tandis qu’une autre partie, au contraire, essaie de dissimuler ses origines arméniennes», a déclaré Papyan.
Lors de la conférence de presse, Selaï Ertem et Eran Gündüz ont également abordé la question suivante : qu’est-ce qui pourrait pousser la Turquie à reconnaître le génocide arménien, et la société turque est-elle prête à cette reconnaissance ? Ils ont souligné :
«La société turque est prête à reconnaître le génocide, mais cela nécessite un effort d’information, car la majorité du peuple turc n’est tout simplement pas au courant des véritables événements historiques. Quant à la reconnaissance officielle par l’État turc, cela ne pourra se faire que par l’application du droit international, qui doit contraindre Ankara et les autorités en place à affronter la réalité et à reconnaître le génocide.»