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L'UE et les États-Unis doivent redoubler d'efforts pour trouver une solution au conflit du Haut-Karabakh

L'UE et les États-Unis doivent redoubler d'efforts pour trouver une solution au conflit du 
Haut-Karabakh

EREVAN, 31 AOÛT, ARMENPRESS: Le député européen Andrey Kovatchev a appelé à une pression accrue de la part des Etats-Unis et de l'UE pour que l'Azerbaïdjan mette fin au blocus du corridor de Latchine et assure la circulation dans les deux sens.

Dans un entretien avec le correspondant d'ARMENPRESS à Bruxelles, Lilit Gasparyan, le rapporteur du Parlement européen sur l'Arménie a condamné le mépris de l'Azerbaïdjan envers la déclaration trilatérale de 2020.

ARMENPRESS - M. Kovatchev, quelle est votre évaluation de la situation actuelle dans le Haut-Karabakh ?

Kovatchev - Je ne peux pas faire autrement que de dire que je suis très attristé par l'aggravation de la situation humanitaire des Arméniens du Haut-Karabakh et d'appeler encore et encore à la pression et au soutien de la communauté internationale. Pression sur l'Azerbaïdjan et soutien à la population arménienne du Haut-Karabakh pour trouver une possibilité d'ouvrir le corridor de Latchine, qui est le seul lien direct entre l'Arménie et le Haut-Karabakh. La situation actuelle constitue une violation flagrante de la Déclaration trilatérale de 2020, qui garantissait le fonctionnement de ce corridor dans les deux sens et dont le garant devait être la présence militaire russe sur place, mais les Russes ne remplissent pas leurs obligations. Les autres partenaires internationaux, comme l'Union européenne, en particulier la France, et les États-Unis devraient doubler et tripler leurs efforts pour trouver une solution acceptable pour les Arméniens du Haut-Karabakh.

ARMENPRESS - Il semble que la catastrophe humanitaire ne soit pas traitée trop sérieusement par l'organe exécutif de l'UE. Quelle est la raison de cette indifférence ?

Kovatchev - Je ne dirai pas d'indifférence, le Parlement européen a voté à de nombreuses reprises en faveur des Arméniens du Haut-Karabakh et de l'ouverture du corridor de Latchine. Vous avez raison de dire que l'Union européenne n'est pas une puissance militaire capable de mettre en œuvre par la force nos souhaits concernant la sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh et la garantie du corridor de Latchine. Cependant, nous pouvons avoir notre mission de surveillance sur place. Nous pouvons appeler le président azerbaïdjanais et demander que, tout d'abord, les obligations de 2020 soient respectées, et que l'ordonnance de la Cour internationale de Strasbourg soit également respectée. Cela permettra à la population du Haut-Karabakh d'avoir une vie normale, y compris la sécurité alimentaire et les soins médicaux, et garantira le bon fonctionnement du corridor de Latchine dans les deux sens. Au lieu de faire pression pour atteindre des objectifs isolés, nous devrions considérer ces éléments comme faisant partie d'un traité global entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan.

Ce traité de paix global devrait inclure la démarcation et la délimitation de la frontière, des garanties pour les Arméniens du Haut-Karabakh, et il doit aller au-delà du simple recours à la Constitution et aux lois de l'Azerbaïdjan. Des garanties internationales sont nécessaires pour préserver la vie quotidienne, l'éducation, la religion, le développement professionnel et le bien-être social des Arméniens, dont le Haut-Karabakh est la patrie. En outre, tous ces éléments devraient englober des investissements dans les infrastructures et permettre à l'Azerbaïdjan d'accéder au Nakichevan. Ces éléments essentiels doivent faire partie intégrante du traité de paix entre les deux pays, en évitant la suppression de tout élément par la force ou la souffrance de la population du Haut-Karabakh.

ARMENPRESS - En effet, l'UE n'a pas de moyens militaires, mais elle a des moyens d'appliquer des sanctions et des opportunités diplomatiques. Même des experts et des institutions de renommée internationale avertissent que ce qui se passe au Haut-Karabakh constitue un génocide. Au XXIe siècle, alors que le monde civilisé recherche des mesures de prévention des génocides, les Arméniens du Haut-Karabakh sont victimes d'un génocide. Quelque chose, quelque part, ne va pas du tout. Où voyez-vous cette injustice ?

Kovatchev - Je continue de penser qu'une solution militaire n'est pas la voie à suivre. La seule approche viable pour sortir de cette situation désastreuse est de poursuivre les négociations, facilitées par la médiation de l'Union européenne, en vue d'un accord de paix global qui englobe tous les éléments nécessaires, y compris la définition de la frontière, la reconnaissance mutuelle de l'intégrité territoriale des deux pays et l'assurance de garanties pour les Arméniens du Karabakh. Ces éléments résonnent avec ce que nous savons de la déclaration trilatérale, ainsi que du groupe de Minsk et de ses principes fondamentaux.

Les trois principes fondamentaux sont l'intégrité territoriale, l'autodétermination des peuples et la renonciation à l'usage de la force. Parmi ces principes, deux ont été violés : il y a eu application de la force et le respect de l'autodétermination des peuples a diminué. Par conséquent, un aspect crucial doit consister à fournir des garanties pour les moyens de subsistance et la sécurité des Arméniens du Haut-Karabakh.

ARMENPRESS - Comment évaluez-vous l'enlèvement et l'emprisonnement de trois étudiants azerbaïdjanais dans le corridor de Latchine, qui se rendaient en Arménie pour y poursuivre leurs études ?

Kovatchev- Je suppose que les autorités azerbaïdjanaises vont prétendre qu'ils sont engagés dans des activités jugées illégales selon leurs normes, ce qu'elles pourront utiliser comme justification. Des explications similaires ont été fournies au sujet des prisonniers de guerre et de leur rapatriement. Ils soutiennent que ces personnes ne sont pas des prisonniers de guerre mais qu'elles ont commis des actes criminels. Cette position est toutefois en contradiction avec les décisions de la Cour internationale de justice de Strasbourg et avec l'obligation de rapatrier tous les détenus, qu'ils soient ou non accusés d'avoir commis des crimes. Les deux parties devraient adhérer à l'obligation de renvoyer les détenus dans leur camp respectif. Ce point de vue a été la position constante du Parlement européen depuis le tout début.

Nos résolutions soulignent que ce principe s'applique également aux nouveaux cas. En aucun cas, un Arménien ne devrait être victime d'un enlèvement en raison des conséquences de la guerre de 2020.

ARMENPRESS-Comme vous l'avez dit, le Parlement européen a réaffirmé ses positions par des résolutions. Mais qu'est-ce que le Parlement européen peut faire d'autre que d'adopter des résolutions ? A-t-il d'autres outils ? Après tout, l'organe exécutif néglige souvent les décisions du législatif.

Kovatchev- Malheureusement, notre autorité est limitée en matière de relations extérieures, et il s'agit principalement d'inciter le Service européen pour l'action extérieure et les États membres à s'aligner sur les actions souhaitées par le Parlement. Il s'agit notamment de renforcer notre capacité de médiation et de surveillance dans la région frontalière. Nous demandons également à l'Azerbaïdjan d'autoriser la surveillance de son côté de la frontière. En outre, nous souhaitons que les activités étrangères des États membres soient plus attentives à la conclusion d'un traité de paix. J'espère sincèrement que nous pourrons alléger rapidement les souffrances des Arméniens en ouvrant le corridor de Latchine dans les deux sens et en introduisant des mesures de confiance. C'est une nécessité absolue.

J'ai également fait savoir à la partie azerbaïdjanaise que si elle cherche vraiment la paix, elle doit faire preuve de respect pour la partie adverse et cultiver la confiance. Cette approche est cruciale pour obtenir le soutien de l'opinion publique arménienne, ce qui permettrait au Premier ministre d'approuver ce traité. Un flot incessant de nouvelles négatives et une souffrance continue ne favoriseront pas un environnement propice à l'acceptation mutuelle et à la recherche de solutions. Exiger unilatéralement des concessions sans réciprocité est tout à fait inacceptable. Les Arméniens du Haut-Karabakh ont besoin de garanties pour leur vie et le bon fonctionnement de la gouvernance locale.

 

LILIT GASPARYAN








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