BRUXELLES, 4 JUIN, ARMENPRESS. Cinq candidats arméniens sont représentés aux élections régionales, fédérales et européennes qui se tiendront en Belgique le 9 juin. Deux sont aux régional à Bruxelles, une au fédéral et les deux autres figurent sur les listes des élections européennes.
Armine Hareyan, nommée par le parti politique belge "Mouvement réformateur" (MR) aux élections européennes, dans une conversation avec la correspondante d'Armenpress à Bruxelles, a mis l'accent sur une société inclusive où chacun trouvera sa place et se développera de manière indépendante et responsable. Pour Armine, il est important de créer une Europe forte, indépendante et autosuffisante, qui protège ses citoyens face aux défis sécuritaires et qui réponde aux enjeux environnementaux et climatiques.
La candidate arménienne est convaincue que le chemin et l'histoire que nous avons parcourus ne peuvent qu'enrichir la Belgique et faire avancer ses débats internationaux.
Parlez-nous de vous ? Quel est votre parcours professionnel et comment êtes-vous arrivée en politique ?
Je suis née et j'ai grandi à Erevan. Pendant de nombreuses années, j'ai travaillé dans diverses organisations privées et publiques en tant que chargée de relations publiques, coordinatrice de programmes européens.
Je me suis engagé dans des activités socio-politiques dès mes années éstudiantines, lorsque j'ai rejoint la première ONG de jeunesse en Arménie « L’Académie de la Jeunesse ». Plus tard, avec plusieurs amis francophones, nous avons fondé l'organisation non-gouvernementale «La Jeunesse pour l'Europe », la première ONG pro-européenne dont l'objectif était de promouvoir et de diffuser les valeurs européennes, telles que la démocratie, la liberté d'expression et les droits de l'homme en Arménie. Ainsi, dès cette époque, mon intérêt pour les valeurs européennes semblait déjà se développer.
En 2010, je me suis installée en Belgique pour des raisons personnelles et j'ai très vite réalisé que la vie tranquille à la maison n'était pas faite pour moi. Comme je vivais alors dans un petit village belge où il n'y avait pas d'Arméniens, j'ai cherché et trouvé la communauté arménienne la plus proche, qui se trouvait à Aix-la-Chapelle. J’y'ai fondé des cours de langue et d'histoire arméniennes le dimanche, où 17 enfants âgés de 5 à 15 ans se sont immédiatement inscrits.
Au bout d’un certain temps, j'ai déménagé à Bruxelles, où existe une communauté arménienne déjà bien établie et avec des racines assez anciennes. Je me suis impliquée dans la vie communautaire et nous avons commencé à promouvoir les questions arméniennes dans divers forums politiques en Belgique et en Europe. En particulier pendant et après la guerre de 44 jours, et jusqu'à aujourd'hui, nous essayons de sensibiliser aux problèmes de l'Arménie et de l'Artsakh et aux agressions de l'État voisin, et nous attendons des réponses appropriées des instances compétentes du pays. Après la guerre de 2020, le Parlement belge a adopté plusieurs résolutions condamnant l'Azerbaïdjan, pour lesquelles j'ai apporté ma modeste contribution à leur élaboration et à leur promotion.
Naturellement, participer à de tels travaux ne passe pas inaperçu. Les résolutions mentionnées ci-dessus ont été proposées au Parlement fédéral belge par le député Michel de Maegd, un très bon ami de l'Arménie, qui est membre du Mouvement Réformateur de Belgique. C'est lui qui a proposé ma candidature à l'ancienne Première ministre et ancienne ministre des Affaires étrangères de Belgique, Sophie Wilmès, qui dirige la liste des candidats européens de ce parti. Recevoir une proposition de candidature directement de Sophie Wilmès est un honneur. Selon les résultats des derniers sondages, elle est considérée comme la personnalité politique la plus populaire et la plus appréciée de Belgique.
Qu'est-ce qui a motivé votre décision de choisir le parti libéral "Mouvement Réformateur"
Il y a plusieurs raisons qui ont motivé cette décision.
Bien évidemment, avant tout c'est mon accord avec la position du parti sur plusieurs questions fondamentales. Par exemple, du point de vue européen, le Mouvement Réformateur est favorable à la création d'une Europe forte, indépendante et autosuffisante. Pendant la pandémie et la guerre en Ukraine, tout le monde a ressenti à quel point l'Europe dépendait de pays tiers. Aujourd'hui, nous voulons développer la production européenne. Prenons le gaz et l'électricité. Que s'est-il passé en Europe pendant la guerre en Ukraine ? Elle a interdit le gaz russe, mais en même temps a signé un contrat d'approvisionnement en gaz avec la dictature azerbaïdjanaise, et il y a de fortes raisons de croire que ce gaz est en fait obtenu de la Russie par l'Azerbaïdjan.
Grâce au travail du Mouvement Réformateur, la durée de vie des réacteurs nucléaires belges a récemment été prolongée de 10 ans. Cependant, notre plan ne se limite pas à l'énergie nucléaire. Nous proposons de diversifier les sources d'électricité en combinant le nucléaire avec les énergies renouvelables. L'Europe doit assurer la sécurité de son approvisionnement avec une production à faible émission de carbone. En ayant sa propre production d'énergie, l'Europe ne dépendra plus des dictatures pétrolières.
Et enfin, une autre raison non moins importante est la position de ce parti concernant l'Arménie et l'Artsakh. MR a toujours soutenu la communauté arménienne, l'Arménie et l'Artsakh. Comme je l'ai déjà mentionné, au cours des quatre dernières années, le Parlement fédéral belge a adopté quatre résolutions pro-arméniennes, toutes proposées par ce parti. Il me semble que c'est le seul parti qui, dans son programme pour 2024, a un paragraphe spécial dédié au soutien de l'Arménie et de l'Artsakh.
Quelles sont vos priorités et que promettez-vous aux électeurs ?
Pour moi, il est très important de promouvoir une société inclusive où chacun peut trouver sa place et se développer de manière indépendante et responsable. Cela nécessite des actions concrètes et des politiques spécifiques visant à promouvoir l'égalité des opportunités, indépendamment de l'origine, des croyances et des préférences. La diversité est une valeur qui doit être célébrée et encouragée, et non utilisée comme prétexte pour discriminer ou exclure certaines personnes.
Cette année, pour la première fois, les élections européennes seront accessibles dès l'âge de 16 ans. Les jeunes sont les porteurs de l'avenir et dès aujourd'hui, ils doivent pouvoir décider de leur avenir. Je considère important qu'ils soient dès maintenant impliqués dans la prise de décisions pour l'avenir et je me battrai pour qu'ils reçoivent une meilleure éducation et soient plus impliqués dans la vie sociale et politique.
Pour moi, il est important de créer une Europe forte, indépendante et autosuffisante, qui protège ses citoyens face aux défis de sécurité et qui réponde aux enjeux environnementaux et climatiques. L'Union européenne doit continuer à être l'un des acteurs principaux de l'économie mondiale.
Quelle influence tangible et quels résultats peuvent avoir la nomination et les éventuels succès des candidats arméniens pour la communauté arménienne de Belgique ?
Nous avons cinq candidats à différents niveaux pour ces élections. C'est une excellente occasion pour la communauté arménienne de Belgique de montrer sa force. Je suis convaincu que la communauté doit s'impliquer plus activement dans la vie politique du pays. Situés au milieu de l'Europe et de l'Asie depuis 5000 ans, nous avons joué le rôle de pont reliant ces deux cultures, et aujourd'hui nous pouvons mettre notre expérience au service de la Belgique et de l'Europe.
Notre histoire et nos parcours sont nécessaires dans le débat, pour faire avancer la Belgique dans son ensemble. Un député au Parlement européen peut travailler pour le bien commun mais, aussi, à travers son narrative, faire connaitre notre histoire. C’est le meilleur moyen d’arriver à l'établissement de la paix et de la stabilité en Arménie.
LILIT GASPARYAN