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Le projet « Carrefour de la paix » lancé par le gouvernement de la RA a un potentiel crucial pour la stabilité régionale

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Le projet « Carrefour de la paix » lancé par le gouvernement de la RA a un potentiel crucial pour la stabilité régionale

EREVAN, 27 MAI, ARMENPRESS: John Iñárritu, membre du Congrès espagnol, considère le projet « Carrefour de la paix » lancé par le gouvernement arménien comme une initiative remarquable. Selon Iñárritu, il peut servir d'alternative acceptable et constructive à des propositions plus controversées telles que le « corridor de Zangezur », car il a le potentiel de renforcer la stabilité régionale, le développement économique et les échanges culturels qui sont cruciaux pour la paix et la prospérité à long terme du Caucase du Sud.

Dans un entretien accordé à Armenpress, M. Iñárritu a évoqué le déblocage potentiel des voies de communication dans le Caucase du Sud, les propositions faites par la partie arménienne, le processus de démarcation en cours entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan, ainsi que les relations récemment activées entre l'Arménie et l'Union européenne.

- Ces dernières années, la nécessité de débloquer les communications régionales dans le Caucase du Sud a fait l'objet de discussions approfondies. L'Azerbaïdjan réclame à l'Arménie ce que l'on appelle le « corridor du Zangezur », tout en menaçant de l'obtenir par la force. Comment évaluez-vous ce comportement agressif et non provoqué de l'Azerbaïdjan ?

- Historiquement, le seul corridor reconnu dans la région est le corridor de Latchine, établi pour relier l'Arménie à l'Artsakh (Haut-Karabakh). Le corridor de Latchine faisait partie des accords signés entre la Russie, l'Arménie et l'Azerbaïdjan en novembre 2020, visant à garantir un passage sûr et à empêcher l'isolement de la population arménienne de l'Artsakh. Cependant, les actions de l'Azerbaïdjan depuis lors ont montré un mépris flagrant pour ces accords.

Le blocus du corridor de Latchine, qui a entraîné d'importantes crises humanitaires, notamment la famine des femmes, des personnes âgées et des enfants, ainsi que l'exode forcé des Arméniens de l'Artsakh, constitue une forme de nettoyage ethnique et de crimes de guerre. Ces actions révèlent l'approche froide du régime azerbaïdjanais pour imposer sa volonté par la force et la souffrance, plutôt que par la diplomatie et la négociation.

L'invention et l'imposition du terme « corridor du Zangezur » par l'Azerbaïdjan est une construction artificielle, visant à créer un prétexte pour de nouvelles revendications territoriales et des ambitions expansionnistes. Cette tactique sape la stabilité régionale et les efforts de paix, et il est essentiel que la communauté internationale reconnaisse et condamne un tel comportement.

- En réponse à ces revendications de la partie azerbaïdjanaise, le gouvernement arménien a lancé l'année dernière le projet « Carrefour de la paix ». Quel est votre avis sur cette initiative ?

- Le projet « Carrefour de la paix » lancé par le gouvernement arménien est une initiative louable qui vise à favoriser la connectivité et la coopération entre les pays de la région du Caucase. Ce projet est susceptible de renforcer la stabilité régionale, le développement économique et les échanges culturels, qui sont essentiels à la paix et à la prospérité à long terme du Caucase du Sud.

Le projet « Carrefour de la paix » pourrait constituer une alternative acceptable et constructive à des propositions plus litigieuses, telles que le « corridor de Zangezur ». En mettant l'accent sur la coopération et la connectivité sans coercition ni revendications territoriales, le projet respecte les normes internationales et promeut une approche plus inclusive du développement régional.

Toutefois, le succès d'une telle initiative dépend du respect mutuel de la souveraineté et de l'intégrité territoriale des nations participantes. Malheureusement, l'Arménie est confrontée à d'importants défis à cet égard, notamment de la part de ses voisins, l'Azerbaïdjan et la Turquie, dont les visées expansionnistes et les politiques agressives sapent l'esprit de coopération pacifique. La Géorgie reste une exception, car elle maintient généralement une position plus neutre et plus coopérative dans les affaires régionales.

En conclusion, pour qu'il réussisse, tous les pays participants doivent adhérer aux principes de respect, de souveraineté et de non-agression. Sans ces engagements fondamentaux, la vision d'un Caucase pacifique et interconnecté pourrait rester inaccessible.

- Récemment, l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont parvenus à un accord sur le lancement du processus de délimitation des frontières sur la base de la déclaration d'Alma-Ata. Comment évaluez-vous cet accord et, selon vous, peut-il apporter la paix aux deux pays et à la région du Caucase du Sud ?

- Bien que les négociations sont essentielles pour parvenir à une solution pacifique des conflits, les complexités et les questions sous-jacentes doivent être reconnues pour comprendre les résultats potentiels de cet « accord ». Le processus de délimitation des frontières vise à clarifier et à établir des frontières mutuellement reconnues, ce qui constitue un aspect fondamental des relations pacifiques entre États voisins. Toutefois, le succès de ce processus dépend fortement de l'engagement sincère des deux parties à mener des négociations équitables et transparentes. Dans ce contexte, les autorités arméniennes négocient avec un régime dictatorial en Azerbaïdjan, dirigé par le clan Aliyev, dont les ambitions expansionnistes ne sont plus à démontrer.

Le discours de l'Azerbaïdjan sur l'« Azerbaïdjan occidental » et son investissement important dans la propagande, comme ce fut le cas auparavant avec la « diplomatie du caviar », suscitent des inquiétudes quant à la sincérité des intentions de l'Azerbaïdjan. De telles actions peuvent saper le processus de paix en créant et en perpétuant de faux récits qui exacerbent les tensions au lieu de les résoudre.

Une paix injuste, imposée ou qui n'aborde pas les problèmes et les difficultés fondamentaux des deux parties, a peu de chances d'apporter une stabilité durable. Au contraire, elle pourrait agir comme une « bombe à retardement ». Pour que la paix soit durable, l'accord doit être juste, équilibré et respecté par toutes les parties concernées.

En outre, la détention par l'Azerbaïdjan de représentants du gouvernement de l'Artsakh, de civils de l'Artsakh et même de personnes originaires de pays tiers comme le Liban, sur la seule base de leur appartenance ethnique arménienne, constitue une grave violation des droits de l'homme et du droit international. Cette captivité illégale souligne les politiques systématiques et discriminatoires du régime azerbaïdjanais à l'encontre des Arméniens.

De telles actions soulignent en outre le mépris du régime pour les droits de l'homme fondamentaux et son intention d'intimider et d'opprimer la population arménienne dans le monde entier.

- Dans quelle mesure l'approfondissement des relations entre l'Arménie et l'Union européenne serait-il important pour la sécurité et la prospérité de la région ? Comment évaluez-vous la réunion de haut niveau Arménie-UE-USA qui a eu lieu à Bruxelles le 5 avril ?

- L'approfondissement des relations entre l'Arménie et l'Union européenne est crucial pour la sécurité et la prospérité de la région, et en particulier de l'Arménie. Ce renforcement des liens peut être considéré comme une démarche stratégique visant à favoriser la stabilité et la croissance économique, tout en renforçant les institutions arméniennes et en les alignant plus étroitement sur les normes et les valeurs européennes.

La réunion de haut niveau entre l'Arménie, l'UE et les États-Unis d'Amérique, qui s'est tenue à Bruxelles le 5 avril, a été essentielle pour faire avancer un programme commun. L'implication d'acteurs internationaux majeurs tels que l'UE et les États-Unis fait contrepoids aux tensions régionales, en réduisant notamment la probabilité d'un conflit avec l'Azerbaïdjan. En associant davantage de parties prenantes internationales au dialogue, l'effort collectif pour assurer la stabilité et dissuader l'agression azerbaïdjanaise est plus important.

L'Arménie, en tant que démocratie ayant des liens culturels et historiques avec la civilisation européenne, a tout à gagner d'un engagement accru avec l'UE. Cet engagement ne soutient pas seulement les aspirations démocratiques de l'Arménie, mais améliore également ses perspectives économiques grâce au commerce, à l'investissement et à l'aide au développement en provenance de l'Europe. Par essence, des relations plus étroites entre l'Arménie et l'UE constituent une étape positive vers un avenir plus sûr et plus prospère pour l'Arménie et l'ensemble de la région.

Interview par Davit Mamyan

AREMNPRESS

Arménie, Erevan, 0002, Martiros Saryan 22

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