Le président du Karabakh voit le risque d’une reprise de la guerre avec l’Azerbaïdjan

EREVAN, 7 AOÛT, ARMENPRESS: L’Azerbaïdjan cherche à renoncer à l’accord de cessez-le-feu conclu en 2020 avec l’Arménie sous l’égide de la Russie et à reprendre les hostilités contre le Haut-Karabakh, a averti le week-end dernier le président de l’Artsakh. Dans une interview accordée le 6août à la télévision publique du Haut-Karabakh, Arayik Harutiunian a également mis en garde l’Arménie contre toute mesure qui remettrait en question l’autodétermination des Arméniens du Karabakh.

Parlant du blocus actuel du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan, il a affirmé qu’il s’agissait déjà d’une guerre de siège employée par Bakou.

«L’Azerbaïdjan continue d’exercer des pressions pour obtenir le maximum de concessions. L’Azerbaïdjan cherche à tenir les Arméniens du Haut-Karabakh en quelque sorte en otage, tout en commettant un génocide et en faisant pression sur les autorités arméniennes et les acteurs internationaux pour obtenir une version plus privilégiée de la route de Zangezur», a déclaré le dirigeant du Karabakh, faisant référence à ce que les Arméniens perçoivent comme les plans de Bakou pour obtenir un couloir extraterritorial vers son exclave du Nakhitchevan occidental via la partie méridionale de l’Arménie.

L’Arménie insiste sur le fait qu’une route passant par la région de Syunik qui fait partie de l’accord de cessez-le-feu de 2020, devrait rester sous la souveraineté arménienne. En revanche, Erevan souligne que le corridor de Latchine doit rester sous le contrôle des forces de maintien de la paix russes, conformément aux termes de la déclaration trilatérale qui a mis fin à la guerre arméno-azerbaïdjanaise de 44 jours dans le Haut-Karabakh.

Erevan et Stepanakert ont accusé Bakou d’avoir violé les termes de l’accord en installant un point de contrôle au corridor de Latchine en avril, puis en renforçant le blocus effectif de la région peuplée d’Arméniens en juin.

Le blocus, qui est effectivement en place depuis décembre dernier, lorsqu’un groupe d’activistes azerbaïdjanais pro-gouvernementaux a commencé à manifester dans le corridor de Latchine, coupant ainsi la connexion du Haut-Karabakh avec l’Arménie, a entraîné de graves pénuries de denrées alimentaires, de médicaments et d’autres produits de première nécessité dans la région peuplée de quelque 120 000 Arméniens.

Les autorités de Stepanakert soulignent que la population du Haut-Karabakh souffre de plus en plus de malnutrition et est confrontée à la menace imminente de la famine. Elles ont déjà signalé des cas d’évanouissement de personnes faisant la queue pour obtenir du pain rationné.

Dans sa dernière interview, M.Harutiunian a déclaré que les actions de l’Azerbaïdjan équivalaient à un génocide. Bakou nie régulièrement ces affirmations.

Le dirigeant du Karabakh a toutefois rejeté une nouvelle fois l’offre de Bakou d’un itinéraire alternatif pour les fournitures humanitaires passant par Agdam, contrôlée par l’Azerbaïdjan. Il a déclaré que l’Azerbaïdjan, que Stepanakert considère comme la cause de la situation, ne peut être le seul à proposer un remède.

«D’abord, ils en font un camp de concentration, puis ils commencent à offrir ce qu’ils veulent et autant qu’ils le veulent», a déclaré M.Harutiunian. «Toute proposition qui nous est adressée doit avant tout respecter notre dignité, s’inscrire dans le cadre de notre dignité et être conforme aux normes humanitaires internationales», a-t-il ajouté.

Le dirigeant du Karabakh a confirmé la nouvelle selon laquelle une réunion entre les représentants de Stepanakert et de Bakou, qui devait avoir lieu le 1eraoût à Bratislava avec la médiation de l’Occident, n’a pas eu lieu. Il a affirmé que c’était l’Azerbaïdjan qui avait refusé d’organiser la réunion.