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Discourse de S.E.Mher Margaryan, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU

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Discourse de S.E.Mher Margaryan, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU

EREVAN, 15 SEPTEMBRE, ARMENPRESS: Des rapports indiquent que le fragile cessez-le-feu est menacé et des rapports crédibles indiquent que l'Azerbaïdjan planifie une nouvelle offensive militaire en élargissant la géographie de l'agression contre l'Arménie, y compris depuis la direction du Nakhitchévan, afin de réaliser les ambitions illégales de l'Azerbaïdjan visant à établir un corridor extraterritorial à travers le territoire souverain de l'Arménie, a déclaré le Représentant permanent de l'Arménie auprès de l'ONU, S.E. Mher Margaryan, lors de la réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

Vous trouverez ci-dessous le discours prononcé par M. Margaryan.

"Monsieur le Président,

Je voudrais exprimer ma reconnaissance à la présidence française pour avoir convoqué la réunion d'urgence d'aujourd'hui, à la demande contenue dans la lettre du ministre arménien des Affaires étrangères. Cette réunion a lieu à un moment grave pour mon pays, car des actes d'agression criminelle ont été perpétrés contre l'intégrité territoriale de la République d'Arménie, en violation flagrante du droit international et de la Charte des Nations Unies.

L'auteur de ces actes a en effet un nom - l'Azerbaïdjan, le voisin oriental de l'Arménie, qui est plusieurs fois plus grand en termes de territoire, de population et de ressources, et dont le comportement hostile, la rhétorique et la violence incontrôlée et disproportionnée démontrent un modèle très dangereux de mépris total de tous les principes et normes du droit international et révèlent une intention claire de provoquer des guerres, des destructions et des instabilités dans la région.

Aux premières heures du 13 septembre, l'Azerbaïdjan a lancé une vaste offensive militaire visant les régions de l'est et du sud-est de l'Arménie, en utilisant un large éventail d'armes, notamment de l'artillerie et des drones de combat. Cette offensive a coûté la vie à 105 personnes, fait des dizaines de blessés et de disparus, et infligé diverses formes de dégâts matériels, notamment aux établissements et infrastructures civils. L'ampleur des destructions et l'intensité des bombardements sont telles que, pour l'instant, nous ne disposons que de premiers chiffres. Environ 200 maisons de civils ont subi des dommages importants, dont plus de 60 ont été complètement détruites.

Pendant quelques jours consécutifs, un certain nombre de villes très peuplées d'Arménie, dont Goris, Jermuk, Vardenis, Kapan et Sotk, ont subi des tirs nourris. Les derniers rapports indiquent que l'offensive a déplacé au moins 2750 personnes dans les provinces de Gegharkunik, Vayots Dzor et Syunik, dont 370 enfants et 55 personnes handicapées parmi les personnes déplacées. Le bombardement de la station balnéaire de Jermuk, qui n'a absolument aucune cible militaire, n'est rien d'autre qu'un crime de guerre, tout comme les frappes contre le réservoir d'eau de Kechut, dont le bilan humain et l'impact environnemental pourraient être catastrophiques.

En violation flagrante des Conventions de Genève et du droit humanitaire international, au moins 7 prisonniers de guerre identifiés ont été capturés, des preuves vidéo suggérant qu'il pourrait y avoir plus de captifs détenus par l'Azerbaïdjan. L'offensive a visé des journalistes, tant locaux qu'étrangers, qui effectuaient leur travail de couverture des événements.

Nous avons souvent réfléchi, au sein des Nations Unies et dans cette enceinte, aux défis de la justice et de la responsabilité. Ce faisant, il nous est constamment rappelé que l'impunité pour les crimes du passé peut conduire aux violations les plus graves à l'avenir, dont la manifestation ultime est le génocide, les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité. L'amélioration des capacités d'alerte précoce et d'établissement de rapports précis des Nations Unies pour surveiller et réagir comprend l'identification des politiques systématiques de promulgation de discours de haine, d'incitation et de glorification de la violence sur la base de l'ethnicité ou de la religion, en particulier lorsque ces politiques sont menées par l'État.

Monsieur le Président,

Au cours de l'année écoulée, nous avons à plusieurs reprises attiré l'attention de ce Conseil sur le fait que l'Azerbaïdjan s'est engagé dans la pratique illégale de l'acquisition de territoires par la force, après avoir dûment signalé ces actes d'agression en vertu de l'article 51 de la Charte des Nations Unies.

Par les lettres du 14 mai, du 29 juillet et du 16 novembre 2021, l'Arménie a alerté les membres du Conseil sur les violations persistantes par l'Azerbaïdjan des normes et principes du droit international, ainsi que des dispositions de la Déclaration trilatérale du 9 novembre 2020 sur l'établissement d'un cessez-le-feu et la cessation des hostilités après la guerre de 44 jours en 2020. Les dernières attaques viennent démontrer qu'en l'absence de mesures de responsabilisation appropriées, les politiques d'agression sont susceptibles de se poursuivre et même d'augmenter en portée et en échelle.

Il s'ensuit également que, encouragé par les résultats de l'usage de la force dans le passé, l'Azerbaïdjan cherche maintenant à normaliser la violence et l'agression pour capturer des territoires par la force. Au cours des deux derniers jours, l'Azerbaïdjan a pénétré puis occupé plus de 10 km2 de territoires souverains de l'Arménie. Cette attaque fait suite aux offensives de mai et novembre 2021, lorsque l'Azerbaïdjan a occupé environ 45 km2 de territoires souverains de mon pays.

Les actions de l'Azerbaïdjan sont en violation flagrante des buts et principes de la Charte des Nations unies, en particulier de l'article 2.4 de la Charte, en violation de l'Acte final d'Helsinki de l'OSCE, en violation du droit international humanitaire. En outre, l'agression militaire de l'Azerbaïdjan va à l'encontre de la lettre et de l'esprit des déclarations trilatérales du 9 novembre 2020 et du 26 novembre 2021. Cette dernière, en particulier, stipule que les parties sont convenues de " prendre des mesures pour accroître le niveau de stabilité et de sécurité à la frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie... ".

Je dois particulièrement souligner que cet acte d'agression s'est produit dans le contexte de négociations de paix menées dans différents for a et facilitées par différents acteurs. L'Arménie s'est engagée de bonne foi dans tous ces processus, dans le but de stabiliser la situation dans le Caucase du Sud. L'Arménie s'est publiquement engagée à œuvrer pour une région pacifique et s'est déclarée prête à lancer des négociations en vue d'un accord de paix. Cette agression est la réponse de l'Azerbaïdjan aux efforts de médiation de la communauté internationale.

M. le Président,

En ce moment même, nous recevons des informations selon lesquelles le fragile cessez-le-feu est menacé. Des rapports crédibles indiquent que l'Azerbaïdjan prépare une nouvelle offensive militaire en élargissant la géographie de l'agression, y compris depuis la direction du Nakhitchévan, afin de réaliser les ambitions illégales de l'Azerbaïdjan visant à établir un corridor extraterritorial à travers le territoire souverain de l'Arménie.

Monsieur le Président,

Le représentant de l'Azerbaïdjan est ici pour offrir des justifications à la conduite prédatrice de son pays. Ne vous y trompez pas : il n'y en a aucune, du moins, pas au regard du droit international. Malgré tous les discours sur les prétextes élaborés tels que "les provocations de l'Arménie", "l'occupation" ou "le droit de l'Azerbaïdjan à l'autodéfense" et les "contre-attaques", la vérité est qu'aucune attaque armée réelle n'a été lancée par l'Arménie.

Nous comprenons que, depuis de nombreuses années, le jeu du blâme et la spéculation sont les meilleurs amis de l'Azerbaïdjan, et que c'est précisément pour cette raison que l'Azerbaïdjan s'oppose avec tant de véhémence à toute idée conduisant à la création de mécanismes de vérification sous contrôle international pour identifier les violations du cessez-le-feu. De telles mesures, si elles étaient établies, permettraient de mettre fin au jeu des reproches. Elles seraient essentielles pour aider à maintenir le cessez-le-feu afin que la paix et la diplomatie aient une chance.

Les actes d'agression d'aujourd'hui ne sont, en réalité, rien d'autre que le produit d'une décision intentionnelle d'abandonner les négociations sur le Haut-Karabakh et d'opter pour une solution militaire au conflit. Le fait même qu'une agression militaire à grande échelle ait été déclenchée au milieu d'une pandémie sans précédent en 2020 est un crime de proportion mondiale en soi et devrait être évalué et traité selon ses propres mérites, ou plutôt selon son absence.

Il s'ensuit que le recours à la force et aux menaces est devenu un modèle de comportement distinct de l'Azerbaïdjan dans toutes les situations de conflit. Les affirmations selon lesquelles l'Azerbaïdjan a résolu le conflit du Haut-Karabakh par la force, a aboli tous les droits collectifs de la population du Haut-Karabakh et a même éliminé le nom même de cette terre peuplée d'Arméniens sont illustratives à cet égard.

Monsieur le Président,

L'Arménie est bien consciente des défis et des complexités que la politique internationale actuelle a à offrir. Nous sommes également conscients de la demande énergétique croissante dans le monde. Cela dit, nous appelons le Conseil à assumer la responsabilité qui lui incombe, en vertu de la Charte des Nations unies, de maintenir la paix et la sécurité internationales. L'Azerbaïdjan doit encore respecter ses obligations humanitaires à l'égard des prisonniers de guerre arméniens, s'engager, de bonne foi, à préserver le patrimoine culturel et religieux arménien, et s'attaquer à la rhétorique anti-arménienne, y compris au niveau des fonctionnaires et des institutions, comme l'a rendu la Cour internationale de justice dans le cadre des mesures provisoires prises à l'encontre de l'Azerbaïdjan au titre de la Convention sur l'élimination de la discrimination raciale en décembre 2021.

Nous demandons instamment aux membres du Conseil de sécurité de rester saisis de la question et de parvenir à un résultat tangible à l'issue des discussions de cette réunion d'urgence.

- En condamnant fermement l'agression non provoquée de l'Azerbaïdjan contre le territoire souverain de la République d'Arménie ;

- Exigeant le retrait immédiat et inconditionnel de ses forces du territoire souverain de l'Arménie ;

- Exigeant de s'abstenir à l'avenir de tout acte d'agression contre l'intégrité territoriale de l'Arménie et de respecter pleinement ses obligations et engagements internationaux, notamment la Charte des Nations unies, l'Acte final d'Helsinki et les déclarations trilatérales ;

- Demandant instamment de s'engager pacifiquement dans le processus de négociation, notamment sur les questions résultant du conflit du Haut-Karabakh et liées à celui-ci, y compris celle du statut.

- Appelant à libérer et à rapatrier tous les prisonniers de guerre arméniens, indiquant que le contraire constitue une violation du droit humanitaire international.

Je vous remercie."

Le 13 septembre, les forces armées azerbaïdjanaises ont lancé une attaque majeure contre l'Arménie depuis plusieurs directions, bombardant les infrastructures militaires et civiles avec des tirs de roquettes et de drones.

105 soldats Arméniens ont été tués et 6 civils ont été blessés. L'Azerbaïdjan a mis fin à son attaque dans la soirée du 14 septembre après qu'un cessez-le-feu ait été conclu.

AREMNPRESS

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