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Cinq candidats arméniens sont représentés aux élections régionales,fédérales et européennes qui se tiendront en Belgique

Cinq candidats arméniens sont représentés aux élections régionales,fédérales et 
européennes qui se tiendront en Belgique

BRUXELLES, 13 MAI, ARMENPRESS: Cinq candidats arméniens sont représentés aux élections régionales, fédérales et européennes qui se tiendront en Belgique le 9 juillet. L'un est régional à Bruxelles, deux sont fédéraux et les deux autres figurent sur les listes des élections européennes.

A Bruxelles, la correspondante d’Armenpress portera à votre connaissance les candidats, leurs priorités de campagne et leur importance pour la communauté dans une série d'interviews.

Selon Nicolas Davityan, nommé par le parti « Ecolo » aux élections régionales à Bruxelles, la présence de candidats arméniens maintiendra les questions d'intérêt communautaire au centre de l'attention des hommes politiques belges et contribuera à valoriser davantage le rôle de la communauté en tant que poids politique.

Parlez-nous un peu de vous, de votre parcours professionnel et de comment vous êtes entré en politique.

Je suis arménien, né à Bruxelles. Mes grands-parents sont venus de Turquie en 1922 pour fonder en France un orphelinat pour des rescapés du génocide.

J’ai eu une longue carrière dans ce qu’on appelle en anglais les « affaires publiques ». J’ai travaillé avec différentes organisations pour pousser les institutions européennes à améliorer leurs politiques environnementales. Et puis, dans ces 10 dernières années, j’ai fait la même chose, au sein de l’organisation UGAB, sur les questions concernant l’Arménie et la diaspora. Ensuite, je suis allé travailler en Arménie, avec le gouvernement, sur les relations avec la diaspora qui se trouve en Europe. Et j’ai aussi été le président du Comité des Arméniens de Belgique, c’est-à-dire le représentant de la Communauté. Enfin, j’ai aussi été élu local dans le passé. Vous le voyez, la chose publique, la cause commune, cela me passionne.

 Quelle a été la raison du choix du parti ?

Je pense que le mouvement écologiste est le mouvement politique le plus important, en Europe de l’Ouest, depuis sa naissance, il y a environ 40 ans. Les écologistes ont vu venir la grande crise environnementale que nous connaissons aujourd’hui, et tout ce qu’ils avaient prédit s’est confirmé – pensez à la crise climatique par exemple. Mais l’écologie, ce n’est pas seulement l’environnement. C’est aussi une critique des relations internationales de domination et d’exploitation ; c’est une remise en question, dans les pays industrialisés, des excès de la consommations et du gaspillage.

On donne souvent cet exemple : si vous fumez, vous alimentez l’économie en achetant vos cigarettes. Si vous tombez malade à cause de la cigarette, il faut payer les médecins pour vous soigner. Tout cela fait augmenter le revenu national sur le papier, puisque vous avez enrichi la marchand de cigarettes et le médecin. Mais est-ce que votre vie va vraiment mieux qu’avant ? Est-ce qu’il ne faut pas mesurer le progrès autrement ?

Ces question peuvent sembler loin des réalités en Arménie. Mais songez à ceci. Les écologistes veulent remplacer le pétrole et le gaz par des énergies renouvelables. Or, savez-vous pourquoi l’Europe a laissé commettre à Aliev tous ses crimes sans réagir ? Savez-vous ce qui donne leur force à la Turquie et à l’Azerbaïdjan et que l’Arménie n’a pas ? Je vais vous mettre sur la piste: le gazoduc qui va de Bakou à l’Italie a été terminé en juin 2020, et la guerre au Karabakh a commencé en septembre 2020. Vous voyez le rapport ? Les énergies fossiles sont des drogues qui nous rendent prisonniers de ceux qui nous les vendent.

Par ailleurs, il y a de nombreux défis environnementaux en Arménie. Nous devons soigner notre beau pays, garder son eau propre, nous débarrasser des déchets qui ruinent certains endroits, mieux utiliser nos ressources, développer les énergies renouvelables, et ainsi de suite. Je pourrais en parler des heures, mais je sais que vous avez d’autres questions.

Quelles sont vos priorités et que promettez-vous aux électeurs ?


En Belgique, on vote par parti : je suis donc tenu par le programme électoral du parti, qui fait plus de 300 pages. Ses priorités sont les questions écologiques, l’éducation, les transports, la protection des plus faibles dans la société, etc.

Personnellement, je mets surtout deux question en avant. La première, c’est qu’on ne peut pas construire des éoliennes en Belgique et des gazoducs à l’étranger. La politique étrangère de la Belgique et de l’Europe doivent elles aussi être écologiques et promouvoir la paix et le droit international. Concrètement, l’Europe prévoit d’augmenter ses importations en passant par le « corridor trans-caspien », c’est-à-dire par l’Azerbaïdjan. Je demande qu’elle ne dépense pas un centime avant que la paix et le droit soient rétablis entre l’Arménie et son voisin.

Ma deuxième priorité, c’est la promotion des diasporas à Bruxelles. Bruxelles est une ville extrêmement internationale, il y a des gens de toutes origines. Mais le gouvernement parle peu aux représentants des diasporas. Par contre, il écoute trop les gouvernements étrangers, comme le gouvernement turc par exemple, qui essaie de contrôler les immigrés turc en Belgique. Cela doit changer. Il doit y a voir une place, dans ce pays, pour les cultures de diasporas, y compris la culture arménienne, et pour un dialogue entre les belges de différentes origines et leur gouvernement.


Quel impact concret la nomination de candidats arméniens et leur éventuel succès, peut-il avoir pour la communauté arménienne de Belgique ?


Je dois vous dire que c’est la principale raison pour laquelle je me présente aux élections. Tout d’abord, vous le savez, depuis 100 ans, il n’y a jamais eu de parlementaire arménien dans ce pays. Il est temps que cela change.

La communauté des Arméniens de Belgique a besoin d’avoir davantage d’influence en Belgique, pour assurer l’avenir des Arméniens de ce pays, et aussi pour peser en faveur de politiques favorables à l’Arménie. C’est vrai aussi dans la plupart des autres pays d’Europe.

Nous travaillons bien sûr avec des politiques qui ne sont pas Arméniens. Mais si nous avons un jour un élu arménien - si, par exemple, j’étais élu -, cela nous donnerait un point d’appuis d’une importance capitale au sein des institutions. Quelqu’un qui suit tous les débats qui nous concernent, qui peut peser quand il le faut, et qui peut alerter la communauté quand elle doit se mobiliser. La politique, c’est compliqué, c’est plein de détails. Il faut souvent être dans la salle de réunion au bon moment pour agir. C’est très important. Je suis convaincu, par exemple, que si nous avions eu des Arméniens actifs au sein des partis au gouvernement lors de la guerre du Karabakh, le gouvernement belge aurait réagit plus vite.

Cela dit, nous – les 5 candidats arméniens - avons très peu de chances d’être élus, parce que nous sommes bas sur la liste. Mais même si nous sommes pas élus cette fois-ci, nos candidature auront été utile si elles recueillent suffisamment de voix. Je vous explique.

Si nous obtenons personnellement un nombre de voix supérieur aux autres candidats qui sont dans des positions similaires sur la liste (je suis 48ème par exemple), on verra que les Arméniens de Belgique sont capables de se mobiliser pour des candidats arméniens. Cela encouragera des Arméniens à se présenter, et les partis à les prendre sur leurs listes, sachant qu’elles peuvent leur apporter des voix. Cela encouragera également ceux qui ont été mis sur les listes cette fois à persister, et à continuer leur carrière au sein de leur parti.

Il y a aussi d’autres avantages. La période de la campagne est une période de débat intense, pendant laquelle les politiques sont plus à l’écoute que d’habitude. Il est important d’y être présent. Par exemple, nous avons pu organiser mardi une rencontre entre une ministère de mon parti, Zakia Khattabi, qui est aussi candidate aux élections, et les représentants de la communauté. Elle a pris le temps d’écouter leurs attentes pendant 1h30. Maintenant le contact est établi, et nous continuerons à travailler ensemble après les élections.

En résumé, ce qui se passe est très important, pour nous, pour l’Arménie et pour la diaspora. Et tout dépendra du soutien des Arméniens de Belgique pour leurs candidats.

LILIT GASPARYAN




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