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Interview de Nikol Pashinyan au journal La Repubblica

Interview de Nikol Pashinyan au journal La Repubblica

EREVAN, 9 OCTOBRE, ARMENPRESS. “Les Arméniens du Haut-Karabakh sont menacés de génocide, et le moyen de mettre fin à cette menace est que la communauté internationale et les pays européens reconnaissent l'indépendance du Haut-Karabakh." Le Premier ministre de la République d'Arménie, Nikol Pashinyan, l'a déclaré dans une interview accordée au journal italien La Republica.

Comme "Armenpress" a été informé par le département de l'information et des relations publiques du bureau du Premier ministre,  Nikol Pashinyan a déclaré :  “Le retour des Turcs dans le Caucase du Sud signifie la reprise du génocide arménien, qui a eu lieu il y a cent ans, lorsque l'Empire ottoman a détruit 1,5 million d'Arméniens".  "Encouragée par la Turquie, l’agression de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh est une guerre terroriste contre les peuples qui luttent pour la liberté", a poursuivi M. Pashinyan.

L'interview est présentée ci-dessous.

La Repubblica: Monsieur le Premier ministre, vous êtes revenu du front il y a quelques heures. Quelle est la situation là-bas?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Les Azéris bombardent sans discernement des villes et des villages, ciblant en particulier les civils qui sont contraints de fuir leurs maisons et de se réfugier dans des abris. Sur le champ de bataille, pendant ce temps, il y a des batailles intenses, mais les Arméniens ripostent. Je peux dire que l’armée azerbaïdjanaise n’a aucun succès stratégiques.

La Repubblica: Confirmez-vous la participation directe d'Ankara?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Je pense que c'est déjà un fait avéré, et pour étayer cela, il suffit de regarder les déclarations publiques. Sans parler du fait que le New York Times a publié hier des informations sur la présence d'avions F-16 turcs à l'aéroport de Ganja. Pendant ce temps, nous avons constamment averti que des F-16 turcs étaient impliqués dans les hostilités, mais cela a été nié, et maintenant, enfin, nous voyons des preuves. Et il est très important de consigner les déclarations publiques que les hauts fonctionnaires turcs ont faites et font. Je vais vous donner un exemple: les présidents et ministres des affaires étrangères des pays coprésidents du Groupe de Minsk de l'OSCE font une déclaration sur un cessez-le-feu immédiat, et la Turquie déclare qu'elle espère que l'Azerbaïdjan n'arrêtera pas les hostilités, et d'autre part déclare qu'elle soutient l'Azerbaïdjan à la fois dans la sphère diplomatique et et sur le champ de bataille.

 La Repubblica - Et les terroristes syriens?

Premier ministre Nikol Pashinyan - C'est maintenant un fait internationalement reconnu que la Turquie a transporté des djihadistes de Syrie pour soutenir l'Azerbaïdjan. C’est pourquoi nous disons que nous luttons contre le terrorisme sur une ligne de front qui sépare civilisation et barbarie. L’Arménie et le Haut-Karabakh sont le dernier obstacle à l’expansion d’Ankara. Si la communauté internationale n'intervient pas de sitôt, elle verra bientôt les Turcs aux portes de Vienne, comme elle l'a fait avec les Ottomans au XVIIe siècle.

La Repubblica - Qu'attendez-vous de la communauté internationale?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Tout d'abord, la reconnaissance que le Haut-Karabakh a été attaqué par l'Azerbaïdjan, dont les troupes mènent des exercices avec les troupes turques depuis un mois. Il faut être conscient du danger que représentent les djihadistes dans la zone de guerre. Et il convient de noter que les Arméniens du Haut-Karabakh sont menacés de génocide, et un moyen d’arrêter cette menace pour la communauté internationale et les pays européens est de reconnaître l’indépendance du Haut-Karabakh.

La Repubblica - Moscou interviendra-t-il dans un proche avenir si, disons, l'Arménie le demande? Quelles sont vos attentes de M. Poutine?

Premier ministre Nikol Pashinyan - La Russie a certaines obligations conventionnelles envers l'Arménie pour assurer la sécurité, qui doit fonctionner sous certaines conditions. Et si des circonstances appropriées se présentent, je suis sûr que la Russie respectera ses obligations conventionnelles. Je voudrais également signaler que la Russie est coprésidente du groupe de l'OSCE à Minsk. Le Groupe de Minsk de l'OSCE est le seul format qui accueille les négociations sur le règlement du conflit du Karabakh. Cela aussi doit être pris en compte. Le président de la Fédération de Russie a annoncé hier que la Russie respecterait ses obligations en matière de sécurité envers l'Arménie en cas de besoin.

La Repubblica - Mais les Arméniens et ceux qui vivent au Haut-Karabakh sont la même nation, n'est-ce pas?

Premier ministre Nikol Pashinyan - Nous sommes le  même peuple ethniquement, il n'y a pas de différence. Nous parlons la même langue, nous croyons à la même religion. En d'autres termes, il n'y a aucune différence entre les Arméniens vivant au Karabakh et les Arméniens vivant en Arménie.

La Repubblica - Le Haut-Karabakh est indépendant depuis près de 30 ans. Pourquoi aucun pays, y compris l’Arménie, ne l’a reconnu?

Premier ministre Nikol Pashinyan - La situation est différente avec l'Arménie. Bien sûr, nous discutons de cette possibilité, mais la reconnaissance de l’Arménie ne changera pas grand-chose en termes de relations internationales, car nous avons de facto reconnu le Haut-Karabakh et établi des relations. La reconnaissance internationale est précisément ce qui peut changer la situation en termes de règlement du problème. C’est pourquoi je pense que dans cette situation, le moyen diplomatique le plus efficace pour arrêter cette attaque terroriste est la reconnaissance de la République du Haut-Karabakh, la reconnaissance de l’indépendance par la communauté internationale.

La Repubblica -Qu'est-ce que le Haut-Karabakh est prêt à concéder?

Premier ministre Nikol Pashinyan- Le Haut-Karabakh a toujours déclaré qu'il était prêt pour un compromis, mais l'Azerbaïdjan n'a jamais voulu négocier. La dernière fois en 2014, Bakou a refusé de signer un éventuel accord de paix, car cela signifierait la reconnaissance du droit des Arméniens du Haut-Karabakh à l'autodétermination. Bakou veut revenir au statu quo de 1991, avant la guerre d'indépendance.

La Repubblica - Il doit être difficile pour un pacifiste comme vous d'entrer dans une zone de guerre portant un casque et un uniforme militaire parce que vous dites avoir été inspiré par Gandhi, Martin Luther King et Mandela.

 Premier ministre Nikol Pashinyan - Lorsqu'il y a une attaque terroriste, vous devez répondre, et aujourd'hui les Arméniens du Haut-Karabakh doivent défendre leur droit à la vie. Bien sûr, la participation de la communauté internationale est nécessaire, sinon la menace jihadiste se répandra partout, car je suis sûr que les Azerbaïdjanais ne pourront pas contrôler les islamistes soutenus par Ankara. Selon nos renseignements, lorsqu'ils sont arrivés en Azerbaïdjan, ils ont d'abord tenté d'interdire la vente d'alcool et d'introduire des règles de la charia.

La Repubblica -  Cette guerre vous a affecté en tant que personne.

Premier ministre Nikol Pashinyan - Oui, parce que mon fils, qui a 20 ans, est allé au front en tant que volontaire.

 

  








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