Arménie

L'Azerbaïdjan, cet état voyou qui accueille la COP29

8 minutes de lecture

L'Azerbaïdjan, cet état voyou qui accueille la COP29

EREVAN, 13 NOVEMBRE, ARMENPRESS: Le nouveau sommet sur le climat s'ouvre mi-novembre à Bakou. Chassé de son pays comme 100.000 de ses compatriotes, l'ancien premier ministre du Haut-Karabakh Artak Beglaryan lance un appel pour faire pression sur le régime du président Aliyev.

 Artak Beglaryan, ancien ministre d'État et médiateur des droits de l'homme du Haut-Karabakh, a accordé une interview au grand magazine français Le Figaro, qui a été publiée dans les versions imprimée et électronique le 9 novembre, avant le lancement de la COP-29 à Bakou.

« Le nouveau sommet sur le climat s'ouvre mi-novembre à Bakou. Chassé de son pays comme 100.000 de ses compatriotes, l'ancien premier ministre du Haut-Karabakh Artak Beglaryan lance un appel pour faire pression sur le régime du président Aliyev 

« Son visage est marqué, mais sa voix déterminée. Le 19 septembre dernier, Artak Beglaryan a déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale (CPI), avec son compatriote Gegham Stepanyan. Leur espoir : qu'une enquête soit ouverte sur les crimes commis par l'Azerbaïdjan au Haut-Karabakh. « C'est un génocide. Il n'y a que les politiques qui refusent d'utiliser ce mot. Je suis certain qu'un jour il sera reconnu par la communauté internationale. » 

« Ce calendrier ne doit rien au hasard : le 11 novembre prochain s'ouvre à Bakou la COP29, grande conférence internationale sur le climat. Et ce, alors qu'au moins 23 prisonniers de guerre arméniens sont toujours officiellement détenus en prison par le régime du président Aliyev. « En réalité, de nombreux éléments nous laissent penser que le nombre de prisonniers serait plutôt proche de 100. Pour la plupart, nous ne savons même pas s'ils sont toujours en vie ».

« Artak Beglaryan a connu de nombreuses difficultés. Né en 1988 à Stepanakert, la capitale du Haut-Karabakh, il se souvient des poèmes, des chansons et des mélodies de son enfance. Il n'avait que quatre ans lorsque son père a été tué au front par des soldats azerbaïdjanais. Deux ans plus tard, alors qu'il jouait avec des amis dans leur jardin, l'explosion d'une mine terrestre l'a rendu aveugle. À 16 ans, sa mère meurt d'une crise cardiaque, laissant le jeune garçon complètement seul. Malgré tout, il réussit à étudier à Erevan, la capitale de l'Arménie, puis au prestigieux University College de Londres, où on lui propose de rester. « Mais je suis revenu au Nagorny-Karabakh pour servir mon peuple. C'est la mission de ma vie, qui m'a ramené chez moi. Il est devenu médiateur - l'équivalent d'un défenseur des droits de l'homme -, puis chef de cabinet du président et enfin ministre d'État.

« En décembre 2022, avec le début du blocus orchestré par l'Azerbaïdjan, la vie au Haut-Karabakh est devenue de plus en plus insupportable. Les produits de première nécessité viennent à manquer : pétrole, céréales, etc. « Pendant plusieurs semaines, ma femme et moi n'avons pas mangé de pain pour pouvoir en donner à nos deux filles. » Au début de l'année 2023, l'approvisionnement en électricité et en gaz en provenance d'Arménie est interrompu : « En plein hiver, nous n'avions de l'électricité que 12 à 16 heures par jour. Les gens n'avaient pas de chauffage et les écoles étaient temporairement fermées. Même l'approvisionnement en eau est devenu un problème.

« Le 19 septembre 2023, lorsque les troupes azerbaïdjanaises ont complètement envahi le Haut-Karabakh, il a appris que les soldats le recherchaient également. Il a décidé de fuir avec sa famille et celle de son frère. « Il nous a fallu près de 27 heures pour parcourir les quelque 50 kilomètres qui nous séparaient de la frontière arménienne. Je ne suis même pas sorti de la voiture, mes proches avaient peur qu'ils m'arrêtent ou me tuent ».

« Aujourd'hui, Artak Beglaryan est un réfugié qui a de la famille à Erevan. « Je travaille à temps partiel dans une organisation privée pour subvenir aux besoins de ma famille. Le reste du temps, je continue à défendre activement les droits de mon peuple ».

« À l'approche de la COP29, il appelle à la libération de tous les otages arméniens détenus en Azerbaïdjan. Il souhaite également qu'Emmanuel Macron et le gouvernement français soutiennent sa plainte auprès de la CPI. Déposée par deux avocats français, Catalina de la Sota et François Zimeray, elle a peu de chances d'aboutir sans le soutien d'au moins un des signataires du Statut de Rome reconnaissant l'autorité de la CPI. Il espère également des sanctions fermes de la part de la communauté internationale à l'encontre des responsables de ces crimes. « Lorsque le soutien politique se limite à de belles paroles et à de l'empathie, il ne s'agit pas d'un véritable soutien. Les dictateurs, et en particulier les auteurs de génocides, n'ont que faire des déclarations et des mots. »

« Malgré tout ce qu'il a enduré, l'ancien ministre d'État garde un grand espoir : « J'ai beaucoup souffert depuis l'enfance, mais j'ai toujours réussi à surmonter ces difficultés. Si nous conjuguons nos efforts, je crois qu'un jour il sera possible de parvenir à la paix et à la justice, non seulement pour mon peuple, mais aussi pour l'ensemble de l'humanité. »

AREMNPRESS

Arménie, Erevan, 0002, Martiros Saryan 22

footer.phone
fbtelegramyoutubexinstagramtiktokdzenspotify

La reproduction de tout matériel en tout ou en partie nécessite une autorisation écrite de l'Agence de presse "Armenpress"

© 2025 ARMENPRESS

Créé par: MATEMAT