EREVAN, 26 SEPTEMBRE, ARMENPRESS: Un séminaire de deux jours intitulé « Plus jamais ça : comparer pour mieux concrétiser les faits historiques » se tient à Erevan à l'initiative conjointe de l'Université française d'Arménie et du Mémorial de la Shoah (Musée de l'Holocauste) à Paris, avec le soutien du ministère allemand des Affaires étrangères. Comme le rapporte Armenpress, la Rectrice de l'Université française d'Arménie Mme Salva Nakuzi a noté dans son discours de bienvenue que le moment est vraiment exceptionnel, car les questions liées au génocide, qui touchent directement les Arméniens, devraient être honorées par des études scientifiques et historiques appropriées.La Rectrice a rappelé les paroles célèbres de Simon Weil, avec lesquelles il a objecté à ceux qui ont dit qu'il était impossible d'apporter une réponse concrète au génocide. Le sujet est important car les mémoriaux du génocide à Paris et à Erevan conservent les archives et la mémoire historique. J'aimerais que les étudiants utilisent largement ces archives, d'autant plus que les archives de la Shoah ont été collectées pendant la Première Guerre mondiale. Dans ces archives, tout a été documenté dans le temps. Pendant le cours, les participants auront l'occasion d'interagir avec des historiens renommés, ainsi qu'avec des personnes qui ont travaillé et traité de manière approfondie les questions liées au génocide pendant un certain temps. En profitant de cette opportunité, les étudiants pourront participer activement aux discussions et poser différentes questions. Et à la fin, lorsque nous allons résumer le cours, nous pourrons voir ce que les étudiants ont retenu. Les discussions sur ce sujet font en quelque sorte de cet événement un événement académique », a déclaré Salva Nakuzi.
M. Bruno BOYER, représentant du Mémorial de la Shoah, a indiqué que bien qu'il ait déjà eu l'occasion de se rendre en Arménie, c'est la première fois qu'il participe à un événement aussi important dans un environnement francophone, au sein de l'Université française : « Notre complexe commémoratif est un musée unique dont les activités sont basées sur des approches scientifiques. Ce que nous allons discuter avec vous, ce ne sont pas seulement des opinions, des points de vue, mais des travaux scientifiques d'une importance capitale. Pendant ces trois jours, avec des étudiants qui ne sont pas des spécialistes, nous examinerons les motifs et les circonstances des atrocités de masse. Nous avons également organisé des événements similaires à Belgrade, Barcelone, Milan et ailleurs. La signification de l'événement d'aujourd'hui tient du fait que vous êtes les descendants des victimes du génocide, qui ont connu un destin tragique. Le peuple arménien a été directement soumis au génocide. Ce point de départ sera la base de nos discussions et de nos échanges de vues », a déclaré M. Boyer.
Il a indiqué avoir trois objectifs. Le premier est d'aider les étudiants à se familiariser avec les activités du Mémorial de la Shoah, que beaucoup de gens connaissent, quelle que soit leur profession. Selon M. Boyer, certaines personnes semblent connaître le sujet mais n'en savent en réalité que très peu, c'est pourquoi les cours offriront aux étudiants des informations approfondies et fondamentales sur les activités du complexe commémoratif susmentionné. Le deuxième objectif est de choisir la terminologie et la formulation correctes lorsque l'on aborde le sujet, et de les appliquer de manière raisonnée, car les inexactitudes entraînent généralement des problèmes, des conséquences graves, et rendent la communication difficile. Le choix des mots à utiliser lors des discussions est également important. George Orwell a dit dans le livre « 1984 » que les mots ont déjà changé de sens, c'est-à-dire que les nazis ne sont plus des nazis, que les fascistes ne sont plus des fascistes et que le génocide n'est plus perçu comme un génocide. Nous voulons redonner aux mots leur sens originel, évaluer objectivement ce que sont les atrocités de masse et les crimes de guerre, ce que sont en définitive les crimes et le nettoyage ethnique commis contre l'humanité. Nous espérons qu'au cours de ces trois jours, nous serons en mesure de caractériser correctement et fondamentalement tout cela », a expliqué M. Boyer.
Selon lui, le troisième objectif de l'événement n'est pas tant de transmettre des connaissances historiques aux étudiants, mais de les rendre compréhensibles, ce qui fera l'objet d'une discussion détaillée. Selon le représentant du Mémorial de la Shoah, il est très important de considérer les phénomènes de manière intégrée, afin de rendre compréhensibles les événements qui se produisent dans la réalité qui nous entoure. Selon M.Boyer, il y a toujours une vérité historique et l'existence de faits indéniables, derrière lesquels se cachent des travaux scientifiques qui révèlent la vérité, même si les régimes autoritaires tentent de les déformer et de falsifier l'histoire. M. Olivier Decottignies, a également souligné l'importance de l'événement, qui se tient à l'Université française d'Arménie. Selon M. l'Ambassadeur , la discussion sur le sujet est particulièrement importante car ce sont les étudiants, futurs spécialistes, historiens et juristes qui participent aux discussions. L'Ambassadeur a exprimé l'espoir qu'il y aura des commentaires intéressants, des échanges d'opinions, ce qui permettra de définir les concepts qui seront ensuite appliqués dans la pratique quotidienne :
« La comparaison est un élément assez important et clé de la théorie, surtout si l'on tient compte de la diversité des opinions. De nombreux spécialistes ont travaillé sur la formulation du terme 'génocide' dans le domaine juridique, ils se sont appuyés sur des faits et ont identifié les motifs qui ont conduit, en particulier, à la définition du 'Génocide des Arméniens' », a noté le diplomate.
Selon l'Ambassadeur Decottignies, la résolution de cette question est importante, en particulier pour les personnes qui ont vécu les conséquences de la tragédie :
« Aujourd'hui, nous assistons à une politique de déni, lorsque certaines personnes rejettent simplement ce qui est arrivé aux Arméniens. Aujourd'hui, nous parlons de ce phénomène afin de garder la mémoire historique, surtout dans le contexte des événements qui ont eu lieu au Haut-Karabakh et de ceux qui se déroulent au Moyen-Orient. À une époque, j'ai travaillé en Irak et j'ai rencontré des Yézidis, qui ont également été victimes d'un génocide. Ils m'ont raconté des histoires horribles. Olivier Decottignies étant ancien étudiant en histoire, attache également une grande importance à ces séminaires d'un point de vue professionnel.