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Interview de l'ambassadeur du Canada à ARMENPRESS

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Interview de l'ambassadeur du Canada à ARMENPRESS

 EREVAN, 27 JUIN, ARMENPRESS: Le Canada considère le projet "Carrefour de la paix", lancé par le Gouvernement de la République d'Arménie, comme une solution optimale pour débloquer les communications régionales. Ce projet souligne l'engagement constructif de l'Arménie dans le processus de paix et son approche tournée vers l'avenir. 

L'ambassadeur du Canada, Andrew Turner, a exprimé cette opinion lors d'une interview avec Armenpress, discutant des perspectives des relations arméno-canadiennes, des développements régionaux, des activités de la nouvelle ambassade du Canada en Arménie, et d'autres sujets relatifs.

- Monsieur l'Ambassadeur, en octobre 2023, le Canada a officiellement ouvert son ambassade en Arménie, en présence de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly. Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue arménien, Ararat Mirzoyan, elle a déclaré que l'ouverture de l'ambassade visait à approfondir et à renforcer les liens entre l'Arménie et le Canada. Comment évaluez-vous le niveau actuel du dialogue politique entre les deux pays et quels sont les points clés à souligner à cet égard? 

- Je pense qu'il est excellent. Le seul défi consiste à dresser la liste de tout ce que nous avons pu faire en si peu de temps. Mais depuis l'ouverture de l'ambassade, nous avons reçu beaucoup plus de visites, notamment de parlementaires. Nous avons reçu notre première délégation d'hommes d'affaires. Nous avons reçu des hauts fonctionnaires de la police et de l'armée. Nous avons reçu notre ambassadeur pour les femmes, la paix et la sécurité. Nous avons donc eu de nombreuses occasions d'échanger. Et peut-être plus important encore, du fait que mes collègues et moi-même sommes ici à l'ambassade, nous avons eu l'occasion de dialoguer avec les Arméniens de tout le pays sur le terrain. Il est absolument merveilleux de constater à quel point le Canada est le bienvenu et combien il est désireux de renforcer le partenariat entre nos deux pays. 

- Monsieur Turner, près d'un an s'est écoulé depuis l'ouverture de l'ambassade du Canada en Arménie. Comment évaluez-vous le travail accompli durant cette période et quel impact a-t-il eu sur les relations arméno-canadiennes ?

- Je pense que le travail s'est très bien déroulé. Comme vous pouvez le constater, nous avons encore beaucoup de travail à faire pour mettre en place l'ambassade sur le plan physique. Toutes ces tâches logistiques liées au personnel, à la construction et à l'enregistrement des véhicules officiels. Mais tout cela jette les bases qui permettront à l'ambassade de renforcer les liens avec l'Arménie pour les décennies à venir. Le simple fait d'être ici, et même dans la phase transitoire où nous nous installons, nous permet de faciliter toutes ces visites, tous ces échanges et toutes ces possibilités de partenariat, dont j'ai mentionné plusieurs. Et il y en a beaucoup d'autres, comme notre rôle dans la mission d'observation de l'Union européenne. Et tout cela se met en place, je pense, parce que l'ambassade est là et qu'elle fonctionne. Et elle ne fera que se renforcer au fur et à mesure que nous atteindrons notre pleine capacité.

- Comme nous le savons, le Canada a rejoint la mission de l'UE en Arménie. Comment évaluez-vous le travail et les activités de la mission ? Selon vous, quel est le rôle de la mission dans le maintien de la sécurité à la frontière arméno-azerbaïdjanaise et dans la normalisation des relations entre les deux pays ?

- Je pense que le travail accompli par la mission de l'UE est remarquable. Je pense qu'il s'agit d'une démonstration très visible et tangible de l'engagement de la communauté internationale à essayer de promouvoir la paix entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. La semaine dernière, j'ai eu l'occasion, avec un autre fonctionnaire canadien en visite, de rencontrer les responsables de la mission d'observation de l'UE et l'observateur canadien que nous avons déployé, et de participer à l'une de leurs patrouilles. Nous avons donc pu constater de visu que les habitants des régions frontalières sont ravis que les patrouilles aient lieu, parce qu'ils voient que nous sommes engagés. En ce qui concerne le travail accompli, les statistiques montrent clairement que le nombre d'incidents dans les zones frontalières où les patrouilles de l'EUMA ont lieu a diminué de manière significative. Nous travaillons également, grâce à la participation canadienne, à l'élaboration de nouvelles mesures de confiance. Je pense donc que les résultats parlent d'eux-mêmes et que la réponse que je reçois de tout le monde partout où je vais, que ce soit du gouvernement ou simplement des Arméniens en général, je pense qu'en dehors de l'ouverture de l'ambassade elle-même, la contribution à la mission de l'EUMA est probablement ce pour quoi le Canada est le plus visible. Il s'agit bien sûr d'un excellent exemple de la coopération entre le Canada et l'Union européenne, et de la manière dont la communauté internationale travaille ensemble pour faire avancer le processus de paix.

- Monsieur l'Ambassadeur, depuis 2020, l'Azerbaïdjan a continué à prendre des mesures déstabilisantes dans le Caucase du Sud. Plus de 100 000 Arméniens du Haut-Karabakh ont été déplacés de force de leur patrie historique à la suite d'un nettoyage ethnique mené par l'Azerbaïdjan en septembre. En outre, l'Azerbaïdjan refuse de retirer ses troupes du territoire souverain de l'Arménie. Comment pensez-vous que ces actions affectent le programme de paix dans la région du Caucase du Sud ?

- Tout d'abord, permettez-moi de dire qu'il a été absolument déchirant de rencontrer les réfugiés et d'entendre leurs récits sur tout ce qu'ils ont dû endurer. C'est d'ailleurs une chose que la ministre Joly elle-même a jugé prioritaire lors de sa visite, à savoir l'entendre de première main. Nous comprenons donc parfaitement la situation difficile dans laquelle ils se trouvent et les souffrances qu'ils ont endurées. Je pense que la rapidité avec laquelle le peuple arménien s'est mobilisé pour accueillir et aider les personnes à s'adapter ici en Arménie est remarquable et en dit long sur le peuple arménien. 

L'objectif du Canada est de faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir le processus de paix. Il est dans l'intérêt de tous les pays de la région de résoudre ce conflit de longue date. Le seul pays qui a profité de l'instabilité a été la Russie, en manipulant les pays et en lui permettant de maintenir son influence. Un accord de paix qui permettrait de résoudre toutes ces questions est donc absolument dans l'intérêt de tous, et dans l'intérêt de l'Azerbaïdjan. Nous espérons que les Azerbaïdjanais sauront reconnaître qu'ils ont maintenant la possibilité de résoudre ce problème dans l'intérêt de tous. Nous continuons donc à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour l'encourager par notre soutien à l'Arménie, par l'assistance humanitaire aux réfugiés, par notre rôle dans la mission de l'EUMA pour assurer la surveillance de la frontière, et par notre plaidoyer diplomatique, à la fois pour soutenir l'Arménie, mais aussi pour encourager Bakou et Ankara à poursuivre le processus de paix. Et tout cela, bien sûr, en partant des principes de base que les droits des réfugiés au retour, les droits à la préservation du patrimoine culturel, tous ces éléments doivent absolument être respectés dans le cadre de ce processus.

 - Ces dernières années, la nécessité de débloquer les communications régionales dans le Caucase du Sud a fait l'objet de nombreuses discussions. L'Azerbaïdjan réclame à l'Arménie ce que l'on appelle le "corridor du Zangezur" et menace de l'obtenir par la force. Comment évaluez-vous ce comportement agressif et non provoqué de l'Azerbaïdjan ?

- D'après l'expérience du Canada, nous voyons très bien les avantages de la coopération et de l'intégration économiques régionales. L'accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis et le Mexique nous a apporté des avantages considérables, ce qui nous a rendus beaucoup plus prospères et a renforcé notre partenariat en augmentant ces liens économiques. La logique de l'établissement de liens commerciaux dans l'ensemble du Caucase du Sud est donc tout à fait claire et profiterait à tous les participants. Toutefois, cela doit se faire sur la base de la réciprocité et du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de chacun. Diverses solutions peuvent être négociées, des mesures techniques, et nous en avons au Canada. L'Union européenne a de nombreux autres exemples. Il y a donc des moyens qui peuvent être utilisés pour que cela fonctionne. Mais ce qu'il faut, c'est un véritable engagement de la part de toutes les parties pour y parvenir. Et bien qu'il soit parfois encourageant de voir certains progrès, les accords sur les libérations de prisonniers, ou le soutien mutuel à l'Azerbaïdjan pour qu'il accueille la réunion de la COP cette année, les accords sur la délimitation de frontières, ces progrès ont également été accompagnés, parfois, d'une rhétorique plus agressive et menaçante, ce qui n'inspire pas la confiance. Compte tenu des nombreuses décennies de conflit et des violences récentes, il est compréhensible qu'il y ait un manque de confiance. Il incombe donc à toutes les parties, et en particulier à l'Azerbaïdjan, de faire tout ce qui est en son pouvoir pour démontrer son engagement en faveur de la paix et pour instaurer cette confiance. Il est donc évident que certaines de ces déclarations menaçantes ne contribuent pas à faire avancer cet agenda. 

- En réponse à ces affirmations, le gouvernement de la République d'Arménie a publié le projet " Carrefour de la paix ". Quelle est l'opinion du Canada sur cette initiative ?

- Le Carrefour de la paix semble être une solution idéale. Il réunit tous les pays de la région. Il crée des liens économiques. Tout le monde y gagne. Et encore une fois, je vois cela comme un parallèle, oui, la coopération que les pays européens ont développée et étendue à l'Union européenne, encore une fois, un parallèle avec les accords en Amérique du Nord. Il s'agit donc, je pense, d'une démonstration très claire de l'engagement de l'Arménie en faveur de la paix, de sa volonté d'aller de l'avant et de construire une intégration économique régionale dans l'ensemble du Caucase du Sud, et pas seulement dans le Caucase du Sud, mais qui bénéficierait encore plus largement en termes de routes commerciales vers l'Europe et l'Asie. Il s'agit donc, je pense, d'une démonstration très claire de l'engagement constructif et ouvert de l'Arménie en faveur du processus de paix, et d'une démonstration qui montre que l'Azerbaïdjan aurait également intérêt à s'engager.

- Récemment, l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont parvenus à un accord sur le lancement du processus de délimitation des frontières sur la base de la déclaration d'Alma-Ata. Comment évaluez-vous cet accord et, selon vous, peut-il apporter la paix aux deux pays et à la région du Caucase du Sud ?

- Compte tenu de la longue histoire de conflit et de méfiance, il est évidemment très important de prendre des mesures en faveur de la paix qui peuvent contribuer à renforcer la confiance. Ce n'est pas au Canada de le dire à l'Arménie et à l'Azerbaïdjan, mais nous soutenons certainement tout ce qui peut faire avancer le processus de paix. Et le fait que ce fut la première fois qu'un accord a été trouvé en termes de délimitation des frontières fournit, je l'espère, un modèle qui pourra être utilisé pour continuer à s'étendre. Nous ne sommes pas là pour dire aux pays ce qu'ils devraient négocier, mais nous sommes là pour soutenir toutes les mesures qui contribueront à faire avancer le processus de paix. 

-  M. Turner, quels sont les domaines économiques qui présentent le plus d'intérêt dans les relations entre l'Arménie et le Canada, et que devraient faire les deux pays pour développer leurs liens économiques ?

-  Il est clair que nous voulons en faire une priorité. Nos relations commerciales connaissent une croissance significative, mais il existe un fort potentiel pour les développer davantage. Encore une fois, je pense que c'est l'une des raisons pour lesquelles nous sommes si heureux que l'ambassade a ouvert, parce qu'elle contribue à faciliter, nous pouvons fournir plus d'informations, nous pouvons identifier les opportunités. Dès les premiers mois de cette année, nous avons constaté que, par rapport à l'année dernière, lorsque l'ambassade n'était pas encore ouverte, le volume des échanges a augmenté de 10 %, et nous espérons que cette tendance se poursuivra. En ce qui concerne les domaines spécifiques, nous voyons certainement beaucoup de potentiel dans des domaines tels que l'agriculture, les technologies propres, le secteur des TIC, l'exploitation minière, l'éducation. Ce sont tous des domaines dans lesquels l'Arménie et le Canada ont beaucoup d'expertise et peuvent coopérer. Comme je l'ai dit, la première délégation d'entreprises est venue il y a quelques mois et s'est concentrée sur ces domaines. Et nous voyons déjà des résultats positifs pour la poursuite de la coopération, des contrats qui sont en train d'être signés. Je suis donc très optimiste quant à l'élargissement de notre partenariat économique.

   - Monsieur l'Ambassadeur, des visites de haut niveau du Canada en Arménie sont-elles prévues dans un avenir proche ?

- Nous l'espérons, oui. Nous avons discuté de la poursuite des échanges, tant au niveau des fonctionnaires qu'au niveau politique. Nous avons établi une série de consultations annuelles, et nous travaillons donc à la programmation de la prochaine série. Cette année, elle se tiendra à Erevan, et nous espérons donc l'organiser à l'automne. Des discussions sont également en cours concernant d'autres visites de délégations parlementaires arméniennes qui se rendraient au Canada en septembre ou en octobre. Encore une fois, nous n'avons pas encore finalisé les détails, mais les choses se présentent de manière très positive. Je pense qu'il s'agit là encore d'une preuve de l'intérêt accru des deux parties pour l'engagement. Le nombre de visites a été beaucoup plus important au cours des derniers mois qu'au cours des dernières années. Je pense que cela reflète le fait qu'avec la présence de l'ambassade et le soutien de la base sur le terrain, il est beaucoup plus facile de coordonner et d'organiser ce type d'échanges. Je pense donc que nous en avons plusieurs qui ne sont pas encore tout à fait finalisés, mais qui s'annoncent très positifs pour l'automne. Encore une fois, je pense qu'il ne s'agit que d'une nouvelle étape et qu'il y en aura encore d'autres à l'avenir. 

- Je vous remercie de m'avoir accordé cet entretien. Y a-t-il autre chose que vous aimeriez partager ou ajouter ?

- Je pense que la seule chose que j'aimerais vraiment ajouter est de souligner à quel point j'ai apprécié le temps que j'ai passé ici jusqu'à présent. Il est remarquable de voir à quel point le peuple arménien m'a accueilli chaleureusement, ainsi que l'ensemble de l'ambassade. Il est très, très gratifiant de voir à quel point les gens apprécient le Canada. Je pense que cela reflète bien les liens étroits entre nos deux pays. Il est évident que les liens entre la communauté arménienne et la communauté canadienne sont particulièrement étroits. J'ai donc vécu une expérience remarquablement positive en rencontrant tant de gens et en visitant tant de régions différentes du pays. Il me reste encore beaucoup d'endroits à visiter, mais l'expérience des premiers mois passés ici a été absolument remarquable pour moi. Et c'est l'une des raisons pour lesquelles, alors que nous nous apprêtons à célébrer la première fête du Canada organisée par l'ambassade, nous pensons que ce sera une excellente occasion de célébrer à la fois tout ce que nous avons accompli au cours des derniers mois et ce lien de longue date entre le Canada et l'Arménie, qui ne fera que se renforcer. 

 

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