Sept mesures que l'Arménie peut prendre pour accélérer l'adoption des véhicules électriques

EREVAN, 23 MAI, ARMENPRESS: Les ventes mondiales de véhicules électriques ont augmenté de 35 % en 2023. Toutefois, cette croissance est concentrée en République populaire de Chine, dans l'Union européenne et aux États-Unis. L'Arménie est également bien placée pour adopter les véhicules électriques.

Alimentée par le gaz naturel, l'énergie nucléaire et l'hydroélectricité, l'Arménie a l'un des niveaux d'émissions de carbone les plus bas de la région par unité d'électricité produite. La réduction de la consommation de pétrole aurait des retombées économiques. En 2022, l'Arménie a dépensé près de 500 millions de dollars pour importer du pétrole raffiné.

L'électricité est relativement abordable et le pays a mis en place des tarifs diversifiés jour/nuit, encourageant les propriétaires de véhicules électriques à recharger leurs véhicules la nuit, lorsque la demande et les prix de l'électricité sont plus bas.

Les obstacles réglementaires à l'expansion des stations de recharge ont été supprimés et un large éventail d'entités peut entrer sur le marché de la recharge.

« L'anxiété liée à l'autonomie, qui est l'un des principaux obstacles à l'acceptation des véhicules électriques par les consommateurs, est moins importante en raison de la petite taille de l'Arménie. On pourrait parcourir toute la longueur du pays en ne s'arrêtant qu'une ou deux fois pour recharger.

Enfin, cela permettrait de sauver des vies. En raison des émissions dues au trafic, la qualité de l'air est un grave problème à Erevan, qui a été classée en 2023 comme ayant la 27e concentration la plus élevée de particules dangereuses parmi les capitales.

Cette pollution atmosphérique entraîne des décès prématurés. L'Organisation mondiale de la santé a estimé que la pollution de l'air était à l'origine d'un sixième des décès dus aux accidents vasculaires cérébraux et aux cardiopathies ischémiques en Arménie.

Compte tenu de ces avantages, l'Arménie devrait mener une politique agressive en sept volets pour promouvoir les véhicules électriques.

Poursuivre les incitations fiscales. Jusqu'en 2025, les véhicules électriques ne seront soumis ni à des droits d'importation ni à des taxes sur la valeur ajoutée. Cet allégement fiscal est utile et le gouvernement devrait envisager de le prolonger au-delà de 2025.

Toutefois, l'incitation fiscale limite le nombre de véhicules éligibles. Bien que les importations soient à ce jour inférieures au quota, la demande devrait augmenter. Pour compenser, les incitations fiscales devraient être progressivement supprimées pour les véhicules électriques les plus chers. Cela favoriserait l'adoption généralisée des véhicules électriques tout en éliminant une échappatoire pour les voitures de luxe exonérées de droits de douane.

Renforcer les normes d'émission. Malgré l'allégement fiscal, seuls 4 500 véhicules électriques ont été importés en 2023. Bien qu'ils aient presque doublé par rapport à 2022, les véhicules électriques sont encore sous-représentés.

En plus de rendre les véhicules électriques plus attrayants, l'Arménie devrait envisager de rendre les voitures à moteur à combustion interne moins attrayantes.

En tant que membre de l'Union économique eurasienne, l'Arménie applique les normes d'émission Euro-5. L'Arménie a donc une décennie de retard sur l'UE, qui a adopté les normes Euro-6 depuis 2014 et qui appliquera les normes Euro-7 à partir de 2025.

En outre, des normes d'émission plus strictes atténueront les dangers de la pollution de l'air pour la santé mentionnés plus haut.

Investir dans l'infrastructure de recharge. En 2023, l'Arménie comptait 198 stations de recharge. Cela la place à peu près au même niveau que l'Allemagne et les États-Unis en termes de stations de recharge par véhicule électrique.

Toutefois, compte tenu de la faiblesse de la base, les véhicules électriques vont probablement augmenter de manière exponentielle au cours des prochaines années, et les stations de recharge des véhicules électriques devront suivre en mettant l'accent sur les chargeurs rapides. En supposant que d'ici 2030, un Arménien sur quatre possède une voiture et que 10 % du parc automobile soit constitué de véhicules électriques, l'Arménie devrait multiplier par 15 le nombre de stations de recharge pour maintenir les proportions actuelles.

Les transports et la planification urbaine jouent ici un rôle majeur. Les municipalités peuvent exiger qu'une partie des places de stationnement publiques soient équipées de bornes de recharge. La Banque asiatique de développement et les autres partenaires de développement, avec lesquels l'Arménie prépare ces projets, seraient heureux de veiller à ce que les aires de repos et les installations connexes offrent aux conducteurs la possibilité de recharger leur véhicule.

Introduire la mobilité publique électrique. Le gouvernement peut utiliser des bus électriques pour initier les consommateurs aux véhicules électriques. Les bus électriques contribueraient également à réduire la pollution de l'air. Le coût des bus électriques a baissé, ce qui les rend désormais comparables aux bus au GNC.

Le remplacement progressif du parc d'autobus offre la possibilité d'effectuer des essais pilotes et d'acquérir de l'expérience. Cela donne également le temps de construire des gares routières équipées pour accueillir, entretenir et recharger les bus électriques.

Investir dans la maintenance des véhicules électriques. Pour soutenir les véhicules électriques, l'Arménie doit investir dans la capacité à entretenir les véhicules électriques. Cela implique à la fois le développement d'infrastructures, telles que des ateliers pour les propriétaires de voitures particulières et des installations spécialisées pour les bus, et le développement du capital humain par le biais de programmes d'enseignement et de formation techniques et professionnels (EFTP) destinés aux spécialistes de l'entretien des véhicules électriques.

Développer les énergies renouvelables et le réseau électrique. L'Arménie ne pourra tirer pleinement parti des avantages des véhicules électriques, tant pour le changement climatique que pour l'indépendance énergétique, que si elle peut parallèlement accroître son utilisation des énergies renouvelables.

L'Arménie dispose d'un important potentiel en matière d'énergies renouvelables. L'énergie solaire annuelle moyenne par mètre carré de surface horizontale est de 1 720 kilowattheures, soit plus de 70 % de plus que la moyenne européenne. Les ressources éoliennes sont également considérables.

Pour exploiter ce potentiel, l'Arménie devra investir dans son réseau et piloter le stockage de l'énergie afin de gérer les fluctuations météorologiques inhérentes à la production d'énergie renouvelable et de transmettre l'énergie renouvelable de sa source, souvent éloignée, jusqu'à l'endroit où elle est consommée.

Tirer parti des ressources concessionnelles. La promotion des véhicules électriques est plus coûteuse que les politiques conventionnelles. La Banque asiatique de développement et d'autres partenaires de développement peuvent apporter leur aide. Avec l'accès aux subventions et aux prêts à faible taux d'intérêt qui ont été mis en place pour aider les pays en développement dans la transmission verte, les partenaires de développement apportent non seulement une expertise technique mais aussi un financement.

L'un des bienfaits du développement économique est que les citoyens commencent à exiger un air plus pur et des villes plus agréables à vivre. En adoptant une stratégie à multiples facettes, l'Arménie a une occasion unique de répondre à ces aspirations tout en ralentissant le changement climatique et en réduisant sa dépendance à l'égard de l'énergie étrangère.

Don Lambert, directeur national de la mission résidente de la Banque asiatique de développement en Arménie