EREVAN, 25 AOÛT, ARMENPRESS: Dans une interview au Point, Emmanuel Macron, interrogé sur le blocus du Haut Karabakh, dit «déplorer» et «condamner» que le temps ne soit plus à la diplomatie. Dans ce moment dramatique, il reste toutefois évasif sur le contenu d’un accord de paix, en invoquant le droit internationale, lequel fait l’objet des interprétations les plus contradictoires...le dernier acte juridique étant cependant l’ordonnance de laCIJdu 6juillet, confirmant celle du 22février 2023 demandant la levée du blocus. Une décision de justice toujours pas respectée par l’Azerbaidjan qui méprise ainsi ouvertement le «droit international». Ce qui demanderait non seulement à être «condamné» mais également «combattu» et «sanctionné».
- Vous avez parlé d’Europe élargie jusqu’au Caucase… En 2020, vous aviez dit que la reconquête du Haut-Karabakh par l’Azerbaïdjan était inadmissible. Cela fait huit mois que l’Azerbaïdjan impose un blocus à la région. L’ex-procureur de laCPI, Luis Moreno Ocampo, qualifie ce blocus de génocide par la famine. Que faites-vous?
Emmanuel Macron- Notre diplomatie est claire mais le temps n’est pas à la diplomatie. Je le déplore et je le condamne. Nous avons toujours dit être là pour la souveraineté des peuples. La question du Haut-Karabakh est compliquée, y compris pour la légalité des peuples. Je ne peux pas suivre les propos les plus jusqu’au-boutistes sur ce sujet. La France a condamné la guerre de 2020 avec clarté et organisé plusieurs opérations humanitaires. Aujourd’hui, nous faisons tout pour qu’un accord permettant une paix durable et la sauvegarde des peuples et des cultures soit trouvé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Ce traité de paix est une nécessité, mais il doit être conforme au droit international.
- Malgré le processus génocidaire constaté par des experts internationaux…
Emmanuel Macron -Je me garderais d’utiliser trop vite ce terme. Nous avons une situation humanitaire qui n’est pas acceptable, en particulier pour le corridor de Latchine. Le rôle de la France est de maintenir la pression sur les accès humanitaires, et nous maintenons tous nos efforts pour y parvenir. En particulier, nous continuons de prendre toutes les initiatives utiles pour que des vivres, des médicaments soient acheminés et qu’un accès libre soit maintenu vers le Haut-Karabakh. En plus de cela, l’Arménie est menacée sur ses propres frontières aujourd’hui.